21 344 migrants clandestins noyés en Méditerranée en 26 ans

La Méditerranée est devenue un véritable cimetière pour les migrants clandestins. Selon un rapport d’Amnesty international, cette mer qui sépare l’Afrique du Nord de l’Europe a «avalé» depuis le début de l’année pas moins de 2 500 candidats à l’émigration clandestine. «Depuis le début de l'année, plus de 2 500 personnes parties d'Afrique du Nord ont péri noyées ou ont disparu en Méditerranée. L'Europe ne peut pas rester indifférente au drame qui se déroule à sa porte», a souligné Amnesty International, indiquant qu’entre 1988 et le 15 septembre 2014, 21 344 personnes sont mortes en mer Méditerranée alors qu’elles tentaient de gagner l’Europe. En 2011, le nombre de victimes s’est élevé à 1 500 environ. On en a compté autour de 500 en 2012 et plus de 600 en 2013. En 2014, leur nombre a beaucoup augmenté. Sur les 2 500 personnes qui ont péri en mer, 2 200 ont été enregistrées depuis le début du mois de juin seulement. Autrement dit, en été, une période propice à la traversée de la Méditerranée. «Ce que l'UE et ses pays membres doivent fournir d'urgence, c'est un nombre accru de navires de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, munis d'un mandat clair de sauvetage de vies humaines en haute mer et des ressources nécessaires à cet effet», a appelé cette ONG internationale de défense des droits de l’Homme. Le rapport intitulé «Des vies à la dérive. Réfugiés et migrants en péril en Méditerranée» décrit les conclusions que l'organisation a tirées de ses récentes visites en Italie et à Malte et d'un séjour de recherche sur un navire de la marine italienne. Les entretiens menés avec des rescapés, des experts et des représentants des autorités soulignent la réalité des dangers auxquels s'exposent ceux qui fuient la guerre, les persécutions et la pauvreté, et mettent l'accent sur la réaction pitoyable de la plupart des Etats d'Europe. «Tandis que l'UE construit des murs de plus en plus hauts, le nombre de réfugiés et de migrants qui veulent traverser la Méditerranée dans un ultime espoir d'arriver en Europe ne cesse d'augmenter. Entassés sur de frêles embarcations par des passeurs sans scrupules, ils sont plusieurs centaines à osciller chaque semaine entre la vie et la mort, entre l'espoir et le désespoir», a indiqué John Dalhuisen, directeur du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International. En 2014, plus de 130 000 réfugiés et migrants ont ainsi traversé illégalement les frontières méridionales de l'Europe par la mer. Ils ont pratiquement tous été pris en charge par la marine italienne. Ils venaient pour la plupart de Libye, pays déchiré par la guerre. Mais tous les candidats à l’émigration clandestine n’ont pas pu atteindre les doux rivages de l’Europe. Un an après les naufrages de Lampedusa qui ont fait plus de 500 morts, Amnesty International pointe du doigt «la honteuse passivité de certains pays de l'Union européenne» qui a fait croître le nombre de victimes. Les conflits et les persécutions au Moyen-Orient et en Afrique, les privations économiques et la fermeture de frontières terrestres en Europe du Sud-Est ont poussé les gens, désespérés, vers la Méditerranée, explique-t-on dans le même rapport qui identifie certaines faiblesses structurelles des services de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale et lance un appel en faveur d'itinéraires plus sûrs et plus légaux pour ceux qui fuient les conflits et les persécutions et tentent d'atteindre l'Europe. Amnesty International milite ainsi pour la mise en place de programmes de réinstallation et d'admission humanitaire et des mesures facilitant le regroupement familial. Le rapport plaide aussi en faveur d'un réexamen des règlements de Dublin régissant le traitement des demandes d'asile au sein de l'UE.
S. Baker
 

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