Affaire de l’autoroute : début du procès en présence de tous les avocats

Le procès de l'affaire dite de l'autoroute Est-Ouest a repris aujourd’hui dimanche devant le tribunal criminel d'Alger en présence des avocats du principal accusé, Chani Medjdoub, rapporte l'APS. C'est dans une salle archicomble que le procès, très médiatisé, a débuté cette fois-ci en présence des avocats étrangers de Chani Medjdoub, William Bourdon et Philippe Penning, ainsi que du collectif de la défense des douze autres accusés et des sept entreprises étrangères impliquées dans cette affaire. Le président du tribunal a commencé à faire l'appel des accusés, des témoins et s'est enquis de la présence des avocats. Lors de l'audience de mars dernier, Chani Madjdoub avait refusé des avocats commis d'office, ce qui avait conduit au report de ce procès. Plusieurs témoins dans cette affaire qui a éclaté en 2009 devraient défiler à la barre durant ce procès. Seize personnes et sept entreprises étrangères (en tant que personnes morales) sont accusées de plusieurs chefs d'inculpation (corruption, blanchiment d'argent, dilapidation de deniers publics) dans cette affaire, très suivie par l'opinion publique. Sur les seize personnes impliquées dans cette affaire, une est en fuite et quatre sont en détention. Les sept entreprises étrangères, Citic-CRCC (Chine), Cojaal (Japon), SM Inc (Canada), Isolux Corsan (Espagne), Pizarotti (Italie), Garanventas (Suisse) et Coba (Portugal), doivent répondre de plusieurs délits liés à la corruption.
Le tribunal déboute une demande de présentation de témoins par la défense
Le procès de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest a repris après une brève suspension de la séance décidée par le président du tribunal pour délibérer sur une demande, qu'il a déboutée, de présentation comme témoin du procureur de la République près la cour d'Alger. Le président du tribunal a estimé que la demande de l'avocat du principal accusé dans cette affaire Chani Medjdoub est «irrecevable». Me Tayeb Belarif, un des membres du collectif des avocats du principal accusé dans cette affaire, qui a éclaté en 2009, avait auparavant indiqué à l'APS que «c'est notre droit de savoir comment ce dossier a été instruit». Il avait indiqué avoir fait au président du tribunal «une demande par écrit pour la présence à ce procès du procureur de la République près la cour d'Alger, du juge d'instruction et des éléments de la police judiciaire qui ont instruit cette affaire». Par ailleurs, la défense a récusé une seconde fois que le Trésor public se constitue partie civile. «Le Trésor n'a rien à voir» dans ce procès, a indiqué un des membres du collectif de défense des seize accusés et sept entreprises impliqués dans cette affaire. Cette question avait fait l'objet lors de l'audience de mars dernier de vifs échanges entre la défense et le président du tribunal qui, après délibération avec ses assesseurs et le ministère public, avait estimé que cette demande est «prématurée» dans la conduite du procès. Cette demande (de la défense) «doit être présentée au début de l'action civile, qui commence à la fin de l'action publique», avait encore précisé le président du tribunal lors de l'audience de mars dernier. D'autre part, douze témoins n'ont pas répondu à l'appel du président du tribunal.
Le procès ajourné, retrait de la défense du principal accusé
Le procès de l'affaire de l'autoroute est-ouest a été ajourné et reprendra le 26 avril prochain, a annoncé le président du tribunal criminel d'Alger à l'issue de plus d'une demi-heure de délibérations après le retrait des avocats du principal accusé, Chani Medjdoub. Les avocats de Chani Medjdoub se sont destitués de sa défense et retirés de ce procès après avoir constaté que le tribunal n'avait pas répondu à leur demande de «nullité de la procédure judiciaire» dans l'instruction de cette affaire. La défense de Chani Medjdoub récuse dans sa totalité «la procédure judiciaire dans l'instruction» de ce dossier, et demande «la nullité des actes préparatoires» de ce procès, a indiqué à la presse un membre de ce collectif, qui a menacé de se retirer si «le tribunal ne répond pas rapidement à notre demande». En outre, le collectif de la défense de Chani Medjdoub reproche au tribunal de n'avoir pas communiqué dans les délais (trois jours avant le procès) la liste complète des témoins. A l'appel du président au début de la séance, 12 témoins sur les 27 inscrits dans le rôle de cette affaire, sont absents. Chani Medjdoub, dans une intervention qui a imposé le silence dans la salle, avait déclaré que «je ne veux pas le report du procès». «Je peux me défendre tout seul. Je n'ai pas besoin de ces avocats qui ne servent à rien», a-t-il dit, les larmes aux yeux après avoir raconté les conditions de son arrestation. «Mon client attend depuis cinq ans d'être jugé, et je ne suis pas, comme d'autres avocats, d'accord pour le report du procès», a indiqué le défenseur d'un des 15 accusés dans ce dossier qui tient en haleine l'opinion publique. La réaction de ces défenseurs est venue à la suite de la menace du collectif de la défense de Chani Medjdoub de se retirer du procès si le tribunal ne répond pas «immédiatement» à sa demande de «nullité des procédures judiciaires» liées à l'instruction de ce dossier. Le président du tribunal criminel d'Alger, après avoir tenté de convaincre Chani Medjdoub qu'il ne «peut se défendre» dans une affaire criminelle, qui requiert la défense d'un prévenu, même commise d'office dans les cas extrêmes, a décidé d'ajourner ce procès et le programmer pour dimanche prochain, après une longue délibération.
R. N.

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