Affaire Saipem : Chakib Khelil cité pour la première fois comme accusé par la justice italienne

De jour en jour l’étau se resserre autour de l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil. Son nom est cité, pour la première fois, comme accusé dans l’affaire des pots-de-vin de Saipem qui sera jugée par la justice milanaise le 13 mai prochain. Selon un article publié aujourd’hui par le journal La Repubblica, le nom de l’ancien ministre de l’Energie, en fuite aux Etats-Unis, est mentionné dans l’arrêt de renvoi en sa qualité de celui qui a reçu les pots-de-vin de Saipem, évalués à 198 millions d’euros. La date a été fixée par le juge des enquêtes préliminaires (GIP), Alessandra Clemente. En plus de Chakib Khelil, il y a sept autres accusés, dont l'ancien numéro un de Saipem Paolo Scaroni. Le procès concerne également des responsables à ENI, le géant pétrolier italien. Les enquêtes tiennent plusieurs preuves matérielles contre les mis en cause dont des communications téléphoniques entre Chakib Khelil et le patron de l’ENI. Le groupe ENI et sa filiale Saipem sont également concernés par le procès en vertu de la loi 231 de 2001 qui prévoit la responsabilité administrative des entreprises pour des crimes commis par leurs gestionnaires. Les pots-de-vin ont été versés par Saipem à l’ancien ministre de l’Energie et son entourage, dont Farid Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, pour l’obtention de sept contrats pétroliers d’une valeur globale de huit milliards d’euros. L’enquête qui a duré plusieurs années a permis la vérification de la véracité des faits à travers des commissions rogatoires envoyées au Liban, à l'Algérie, à la Suisse, au Luxembourg et à Hong-Kong. Ainsi, alors que l’affaire Sonatrach 2 est au point mort en Algérie, à Milan, l’enquête inculpe désormais l’ancien ministre de l’Energie. Une question mérite d’être posée : la justice italienne réussira-t-elle à ramener à la barre Chakib Khelil et le juger à Milan ? Difficile de savoir. Mais tout est possible. Surtout qu’en Algérie, rien ne semble avoir été fait pour obtenir l’extradition de Chakib Khelil de son exil doré aux Etats-Unis. Ce manque de volonté dans cette affaire a été démontré par l’annulation, sous couvert d’un vice de forme, du mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil, lancé en juillet dernier par l’ex-procureur général de la cour d'appel d'Alger. L’affaire Sonatrach 2, considérée comme la plus grande opération de corruption qui touche ce groupe public éponyme, risque de traîner encore. Pour preuve, le procès de la première affaire, à savoir Sonatrach 1, aura lieu en mars prochain. Le temps mis pour fixer la date du procès de Sonatrach 1 n’augure rien de bon pour l’affaire Sonatrach 2 qui risque de battre le record en matière de durée d’instruction en Algérie. A moins que les choses évoluent autrement… sur le plan politique.
Rafik Meddour
 

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