Al-Watan TV interdite : les chaînes qui ont interviewé Mezrag seront-elles sanctionnées aussi ?

Le ministère de la Communication n’a pas attendu l’issue de la plainte déposée contre la chaîne privée Al-Watan TV pour agir. Il a demandé au wali d’Alger de procéder à la fermeture des locaux de la chaîne de droit étranger Al-Watan El-Djazairia, connue sous l’appellation d'Al-Watan TV, et à la mise sous scellés des équipements. Le ministère motive sa décision de fermeture des bureaux de cette chaîne par son exercice illégal. «Al-Watan El-Djazairia diffuse des contenus subversifs portant atteinte aux symboles de l’Etat», argue le ministère de la Communication, pour lequel ce média est, «au titre de la loi relative à l’activité audiovisuelle, en infraction avec les dispositions de l’article 20 de cette loi qui prévoit la soumission de l’exercice de l’activité à une autorisation préalable délivrée par décret». Il s’agit du décret exécutif n°14-152, du 30 avril 2014, qui fixe les modalités d’accréditation des journalistes professionnels exerçant pour le compte d’un organe de droit étranger, sur la base duquel le département de la communication délivre un agrément provisoire de représentation d’un média de droit étranger et des accréditations à ses journalistes. Le ministre de la Communication n'a, toutefois, pas indiqué si l'Etat comptait aussi fermer toutes les autres chaînes de télévision et organes de presse qui ont invité l'ancien chef terroriste à s'exprimer. Dans ses anciens entretiens, le fondateur de l'AIS, le bras armé du parti extrémiste FIS, a déclaré ne rien regretter de son passé terroriste. La fermeture d’Al-Watan TV intervient moins de dix jours après la diffusion de l’interview de l’ex-chef terroriste Madani Mezrag, au cours de laquelle il a menacé le président de la République de représailles s’il lui refusait la création de son parti politique. Dans son entretien, Mezrag persistait à défendre son projet de création d’un parti, affirmant que «personne ne m’empêchera de créer mon parti». Il ajoute que Bouteflika ne lui a pas interdit d’activer, car il n’est pas en mesure de prendre des décisions. «Il ne dispose pas de capacités physiques pour prendre toutes ces décisions annoncées ces derniers temps. Il y a des gens qui jouent avec l’avenir de l’Algérie, travaillent pour leur propre agenda.» Dans sa quête d’une «virginité politique», Madani Mezrag avait dit n’avoir aucune responsabilité dans ce qui s’est passé durant les années 90. Si Al-Watan TV a été fermée, l’ex-chef terroriste n’a toujours pas été convoqué. Le ministère de la Communication avait expliqué qu’il n’avait pas la qualité pour poursuivre Madani Mezrag. D’autres institutions comme la présidence de la République vont-elles porter plainte contre l’ex-chef de l’AIS ? Madani Mezrag va-t-il être interpellé pour ses propos attentatoires aux symboles de l’Etat ? La justice va-t-elle s’autosaisir ?
Rafik Meddour
 

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