Algérie : un président absent, un peuple désemparé

Dans de nombreux pays à travers le monde, un président «fraîchement» élu savoure sa victoire avec son peuple, prononce un discours d'investiture, va à la rencontre de ses électeurs et cherche les méthodes à employer pour diriger au mieux son pays. Ce n'est pas le cas pour l'Algérie, où le président Abdelaziz Bouteflika, pourtant réélu pour un 4e mandat à la présidentielle de 2014, sans faire de campagne, dans des circonstances que l'on sait, s'est éclipsé pour se laisser représenter par quelqu'un d'autre. Une situation inédite dans notre XXIe siècle, qui a marché à merveille avec un peuple déconnecté de la réalité politique du pays, soucieux de gérer sa vie quotidienne et désemparé. Le candidat Bouteflika n'a jamais rencontré ses compatriotes, ne serait-ce qu'une seule fois. Même en tant que président, il n'a fait aucun geste envers son peuple ni même reçu des Algériens, qui pourtant ont demandé à le voir, soient-ils opposants ou gens ordinaires. Pour le chef de l'Etat, ses activités se résumaient à recevoir des personnalités étrangères triées sur le volet, mises en avant par les images furtives que nous montre la télévision officielle, à l'exception de Lakhdar Brahimi, l'un de ses fidèles. Depuis son fameux discours de Sétif, en mai 2012, suite aux soulèvements populaires qu'ont connus certains pays arabes pour demander plus de liberté, où il a lancé du haut de son pupitre «tab djenana», vu à l'époque comme une éventuelle ouverture à l'alternance au pouvoir, le président s'est confiné dans un silence troublant. Abdelaziz Bouteflika ne fait plus de discours-fleuve qu'on lui connaît. D'aucuns disent de Bouteflika qu'il n'est pas réapparu depuis son hospitalisation pour un «mini-AVC» le 27 avril 2013 au Val-de-Grâce, à Paris, mais c'était bien avant. Même la presse est mal venue chez le Président, on ne sait pas ce que le chef de l'Etat reproche vraiment aux journalistes, mais le fait est là, pas une seule interview donnée à un journal algérien depuis sa prise de pouvoir en 1999. En un mot, un président absent, mais présent sur les écrans de l'unique et dans les posters qu'on brandit à chaque événement politique, culturel, et même sportif, soit-il minime. Cette situation inédite va relancer la polémique autour de l'état de sa santé et alimente les débats dans le monde médiatique. La récente visite à Alger de Manuel Valls, puis la diffusion sur sa page Facebook d'une photo du président Abdelaziz Bouteflika, où il semblait très affaibli, ont relancé les débats, puis les spéculations sur sa capacité à gérer le pays. Pour le simple citoyen, il est clair que ceux qui nous gouvernent nous cachent plus que ce qu'ils nous disent. Alors, des questions pertinentes restent à poser autour de la candidature de Bouteflika à la présidentielle de 2014, et sur cette facilité déconcertante avec laquelle les médecins traitants du Président lui ont délivré et signé le bulletin de santé, pour la validation de son dossier de candidature, et son acceptation illico prestopar le Conseil constitutionnel, dirigé, alors, par Mourad Medelci.
Z. Benmokhtar

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