Attaque de Tiguentourine : Londres enquête sur un employé ayant proféré des menaces la veille

Les enquêteurs britanniques sur l’attaque terroriste du complexe gazier de Tiguentourine, à In Amenas, ont longuement interrogé Mark Cobb, directeur général adjoint du site sur d’éventuelles menaces qu’aurait reçues le staff dirigeant la veille de ce triste événement. Selon l’un d’entre eux, lors de discussions entre les gestionnaires et des chauffeurs mécontents, durant la nuit du 15 janvier 2013, l’un des interprètes aurait entendu un employé déclarer : «Aujourd’hui, vous appliquez votre loi, mais demain, lorsque vous vous réveillerez, vous aurez une surprise et il y aura un bain de sang.» Cette réunion avait été organisée suite à un mouvement de grève organisé par les chauffeurs qui travaillent sur le site, théâtre d’une sanglante prise d’otages qui a fait une quarantaine de morts et qui s’est terminée par l’élimination de 29 terroristes. Les enquêteurs britanniques qui cherchent à faire la lumière sur la mort de six de leurs concitoyens, ainsi que celle d’un expatrié colombien résidant au Royaume-Uni, veulent savoir si les dirigeants du complexe gazier étaient au courant de ces menaces. Le directeur général adjoint, Mark Cobb, a assuré qu’aucun d’entre eux n’en avait été informé. «Personne n’a traduit ça pour moi et personne ne m’a dit qu’un tel commentaire avait été fait. Si j’en avais été informé, j’aurais été extrêmement effrayé», a-t-il déclaré à une représentante de la justice britannique qui l’interrogeait dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte par Londres en début d’année. Mark Cobb a soutenu qu’un compromis avait été trouvé entre les chauffeurs et les gestionnaires au moment où il avait quitté l’Algérie pour rentrer dans son pays natal, les Etats-Unis, à l’occasion des fêtes de fin d’année, mais que le conflit avait resurgi en son absence. La Cour royale de justice de Londres cherche vraisemblablement à trouver un lien entre l’attaque de Tiguentourine et les nombreux conflits professionnels entre des employés locaux et les dirigeants. En d’autres termes, elle soupçonne des employés algériens d’avoir été complices des terroristes qui ont orchestré la prise d’otages sur ce complexe géré conjointement par la compagnie pétrolière nationale, Sonatrach, la multinationale BP et l’entreprise norvégienne Statoil. Mark Cobb a assuré à la cour que le site de Tiguentourine était une véritable forteresse contrôlée par l’armée et protégée par 160 gendarmes armés. Selon les enquêteurs britanniques, l’un des otages décédés, Carson Bilsland, un ingénieur de 47 ans, se serait plaint des lacunes en matière de sécurité à sa famille bien avant l’attaque. «Le boulot se passe bien, mais la sécurité n’est pas bien assurée, et je me sens moins en sécurité que dans d’autres endroits où j’avais déjà travaillé», aurait-il signalé dans une correspondance avec de proches parents. L’enquête qui s’étalera sur huit semaines déterminera s’il y a eu des défaillances en matière de sécurité. Les enquêteurs auraient eu vent d’informations faisant état de menaces qui pesaient sur le site en 2009, soit quatre ans avant l’attaque meurtrière. Selon Mark Cobb, le site était bien préparé pour faire face à un éventuel attentat kamikaze ou l’introduction d’un engin explosif à l’intérieur du complexe. «Tout le monde avait le sentiment d’être en sécurité», a-t-il insisté.
Rafik Meddour
 

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