Comment le Media Diversity Institute glisse des articles en sous-main dans les journaux algériens

Au nom des minorités «sans voix», des organisations non gouvernementales forment et encouragent de jeunes journalistes algériens à passer leur message dans les médias nationaux. Parmi elles, la très discrète ONG britannique Media Diversity Institute (MDI) qui multiplie les stages et les formations au profit des journalistes en herbe en les mettant sur des pistes de travail bien étudiées. La dernière session organisée par cette ONG à Alger remonte au 20 septembre dernier. Cette formation, destinée normalement aux sites électroniques, a finalement été dispensée aux journalistes issus de la presse écrite. Ce cycle de formation qui a duré cinq jours (du 20 au 24 septembre) a été organisé dans une totale discrétion. L’information n’a été diffusée sur aucun support médiatique pour informer tous les jeunes journalistes qui seraient intéressés par ce genre de formations. Les participants l’ont su soit de bouche à oreille soit ils ont été directement approchés par les réseaux de cette ONG en Algérie. Triés sur le volet, ces jeunes journalistes ont été formés sur la façon d'écrire des articles sur les divers groupes qui composent la société algérienne, mais dont les voix sont rarement entendues dans les médias nationaux. Autrement dit, MDI les a préparés à aborder des sujets jugés tabous en Algérie et à traiter dans leurs journaux respectifs les problèmes des «minorités», tels que les homosexuels, les enfants nés sous X, les mères célibataires, les sidéens, les enfants des terroristes… Les formateurs sont des étrangers. L’objectif de cette ONG, dont la manière d’activer en Algérie suscite beaucoup de suspicion, est de pousser à travers ces journalistes les médias nationaux à consacrer beaucoup d'articles à ce qu’elle désigne par «minorités». Ainsi, elle propose des rémunérations aux journalistes qui réussissent à diffuser dans leurs journaux respectifs des articles traitant de l’un de ces sujets liés aux droits de ces minorités. Une rémunération qui peut aller jusqu’à 10 000 DA par article. Cette méthode qui s’est avérée concluante puisqu’il y a de plus en plus d’articles traitant des sujets susmentionnés dans la presse nationale. Et elle n’en est pas à sa première formation destinée aux professionnels des médias. MDI et ses multiples partenaires travaillent depuis des années avec les médias et les journalistes, les organisations de la société civile, des experts en journalisme et des étudiants, pour «aider les jeunes et autres groupes marginalisés dans la société algérienne à faire entendre leur voix dans les médias traditionnels». L’objectif déclaré, c’est de renforcer les capacités, la sensibilisation et la mise en service des produits médiatiques, qui vont accroître la diversité des histoires, des opinions et des voix dans les médias algériens et contribuer à une société plus ouverte, inclusive et responsable. MDI veut pousser les médias nationaux à adopter une charte de la diversité. Par son encadrement accru des jeunes journalistes, MDI œuvre ainsi à accroître son influence sur les médias algériens en contribuant, en douceur, à la transformation graduelle de leur continu. Elle organise des ateliers sur l'enseignement des compétences d'éducation aux médias pour les enseignants de haut niveau, ainsi que l'élaboration d'un plan de diffusion de cet apprentissage et l'intégration dans la conception de l'enseignement. Des ONG comme MDI, il y en a beaucoup. Les journalistes sont la cible privilégiée de ces ONG qui tentent de changer le paysage médiatique arabe. Le Groupe de travail arabe pour le monitoring des médias (AWGMM), une ONG sponsorisée par l’International Media Support (IMS), est aussi actif en Algérie. De même que l'ONG britannique Electoral Reform International Services (Eris) qui dit œuvrer, depuis quelques mois, à l’installation de la culture du débat contradictoire positif dans le paysage audiovisuel algérien. Fortement présente ces dernières années en Egypte, au Yémen ou encore la Tunisie, cette ONG multiplie, elle aussi, les «formations» pour des journalistes auxquels elle apprend quelques ficelles pour «mieux servir la cause des droits de l’Homme» et avoir plus d’impact sur les lecteurs et les téléspectateurs. C’est dire qu’il n’y a pas que les droits de l’Homme, l’art et la culture qui servent de couverture pour masquer le travail subversif de ces ONG.
Rafik Meddour

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