Des chefs de daïra et un wali mis en cause : bourrage des urnes et irrégularités en cascade

De nombreuses irrégularités plus ou moins graves ont entaché l’opération de vote à travers le territoire national alors que le scrutin se poursuit. Le cas le plus flagrant et le plus grave est sans doute celui signalé dans la wilaya de Tébessa (est), où un chef de centre de vote a dénoncé cet après-midi une fraude massive  sur instruction, dit-il dans une déclaration dont nous détenons une copie, du wali de Tébessa. Selon lui, le wali en question a ordonné à tous les chefs de centre de bourrer les urnes à partir de midi, notamment dans les villages reculés de la wilaya, notamment dans les communes de Lemridj, Aïn D’heb et Mekeddem. Ce chef de centre a aussi indiqué que le wali leur a signifié d’entamer le bourrage des urnes à travers les grands bourgs à partir de 18h. Dans la wilaya de Mila (est du pays), il a été constaté que les bulletins frappés à l’effigie du candidat Ali Benflis étaient intentionnellement collés deux par deux de telle sorte qu'ils seront  invalidés lors du dépouillement. A Mila toujours, et plus exactement à Telaghma, les électeurs ont été sommés par des responsables locaux de voter Bouteflika, témoignent des citoyens sur place. Dans la wilaya de Blida, des portraits du président-candidat étaient affichés dans certains bureaux de vote en violation de la loi en vigueur. Plus grave, a-t-on rapporté dans la même circonscription, certains surveillants n'ont pas reçu leur accréditation pour réceptionner les procès-verbaux de dépouillement. A Tébessa, dans l’extrême est du pays, la majorité des urnes des bureaux de vote n’étaient pas scellés, a-t-on constaté sur place. A Skikda, le directeur de campagne de Bouteflika continuait à mener campagne en plein centre des Frères-Zitout, dans la commune de Larbi-Ben-M’hidi. Autre anomalie signalée dans la wilaya de M’sila : dans les communes de Aïn H'djel et de Khetouti Sed-Eldjir, les hommes votent à la place de leurs femmes sans procuration. Dans la wilaya de M’sila, au village Ouled-Ahmed, commune de Magra, le chef de daïra somme les électeurs de voter Bouteflika. Toujours dans la région de l’est, à Khenchela, des observateurs ont signalé un bourrage massif des urnes, avec pas moins de 200 bulletins truqués dans la commune de Tamza, alors qu’un seul bulletin a été réellement glissé  dans l’urne, celui d’une femme. A Batna, le chef de daïra de Tazoult a été aperçu en train de placer lui-même des portraits de Bouteflika dans les bureaux de vote, en violation de toute éthique et de la loi. Même scène signalée à Draâ Ben Khedda, dans la wilaya de Tizi Ouzou, où le président de l’APC de cette commune est entré dans tous les bureaux de vote pour crier face aux électeurs «Vive Bouteflika !», une manière de leur faire pression. Dans la capitale, le représentant du candidat Benflis au centre Emir-Abdelkader, à la Casbah, a été roué de coups et blessé à l'œil, a-t-on appris cet après-midi d’une source proche de la direction de campagne de Benflis. Au Ruisseau, dans la commune de Kouba, les électeurs n’ont pas trouvé de bulletins du candidat Ali Benflis. Même cas signalé à Khenchela où les bulletins de vote de Benflis ont été dissimulés aux électeurs. Dans la commune de Zaâfran, wilaya de Djelfa, des bureaux sont restés toute la journée sans surveillants, rapportent des témoins. Enfin à Bouira, on apprend que le vote n’a pas encore, au moment où cet article est mis en ligne, commencé dans la commune de Rafour, où des affrontements entre des dizaines de jeunes manifestants et gendarmes ont fait plus de 80 blessés, dont une quarantaine de gendarmes, a-t-on encore appris.
Mohamed El-Ghazi et R. Mahmoudi

 

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