La Belgique sacrifie ses ressortissants d’origine marocaine pour ne pas fâcher le Makhzen

Dans ses calculs électoralistes qui l'obligent à courtiser le vote utile de la communauté marocaine en Belgique et surtout pour ne point fâcher l'ombrageux Makhzen, le ministère des Affaires étrangères belge en est réduit à fouler au pied la protection consulaire qui est due aux ressortissants belges et à créer une deuxième catégorie de citoyens belges composée de naturalisés, dont la nationalité d’origine peut primer sur celle acquise en Belgique. Evidemment, dans ce deuxième collège, il y aurait moins de droits que pour les Belges dits de souche, notamment en matière de droits consulaires. Dans cette deuxième catégorie de naturalisés, il y en a au moins deux qui sont d’origine marocaine, Ali Aarrass et Farida Aarrass. Ils sont ressortissants belges, quoi qu’on dise. Depuis quelques années, ils sont dans la prison de Salé, au Maroc, et n’ont pas droit à la protection consulaire ni même que «le ministre s’assure régulièrement et positivement du bien-être physique et psychique de son ressortissant», comme le rapporte le site d’information legrandsoir.info. Ils ont intenté une action contre l’Etat belge, en la personne du ministre Didier Reynders, pour obtenir leurs droits en tant que Belges. La même source rappelle qu’Ali Aarrass «dispose de la nationalité belge depuis le 12 mai 1990, a fait son service militaire en Belgique et y a payé ses impôts comme tout le monde». Le ministre des Affaires étrangères belge a avancé un argument peu convaincant pour justifier son refus d’accorder aux deux prisonniers de Salé les mêmes droits consulaires que les autres ressortissants belges : «Le principe d’égalité interdit que des personnes se trouvant dans des situations essentiellement différentes soient traitées de la même manière.» Il est clair que c’est la peur de froisser le Makhzen qui est la vraie raison de cette atteinte aux droits de l’Homme, car c’en est une. Selon legrandsoir.info, les deux Belgo-Marocains sont détenus injustement. De plus, il rappelle qu’ils sont exposés aux mauvais traitements que subissent les prisonniers au Maroc, un pays où la torture est exercée contre les opposants, en particulier les militants qui soutiennent la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l’autodétermination et l’indépendance. Les militants sahraouis, eux-mêmes, sont victimes d’arrestations arbitraires et de tortures. C’est un fait établi par tous les observateurs honnêtes qui ont pu se rendre au Sahara Occidental. Seul le ministère des Affaires étrangères belge semble ignorer que la torture est pratiquée au Maroc d’une façon générale et dans le cas particulier d’Ali Aarrass. Le Makhzen, grâce à la forte emprise qu’il exerce sur l’immigration marocaine en Belgique, peut garantir, sans jeu de mots, un gisement électoral non négligeable susceptible de contribuer à faire gagner des élections aux hommes politiques belges. C’est là que se trouve l’explication du «deux poids, deux mesures» appliqué contre le Belgo-Marocain Ali Aarrass.
Houari Achouri

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