La gendarmerie rejoint la Garde républicaine : la Présidence sous très haute surveillance

Un dispositif de sécurité impressionnant a été déployé ce dimanche matin aux alentours de la présidence de la République, a-t-on constaté sur place. Les éléments de la Garde républicaine ont pris position dans toutes les rues donnant accès au siège de la présidence de la République, au niveau d’El-Mouradia et de la Colonne Voirol. Plusieurs fourgons de la Gendarmerie nationale sont, par ailleurs, stationnés à proximité de la Présidence. Le renforcement de ce dispositif répressif contredit le discours officiel qui parle d’apaisement et de retour à la normale. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, doit se réunir aujourd'hui dimanche avec plusieurs ministres pour tenter de satisfaire un certain nombre de revendications des éléments des unités républicaines de sécurité (URS), autrement dit de la police antiémeute. Le mini-conseil ministériel convoqué dans l’urgence devra discuter notamment des aspects socioprofessionnels, mais il n’est pas dit que la question du départ d’Abdelghani Hamel soit incluse à l’ordre du jour. Or, les policiers demandent incessamment le remplacement de l’ancien commandant de la Garde républicaine par un directeur qui soit issu du corps de la Sûreté nationale. Cette démonstration de force de la présidence de la République traduit à la fois une panique au sein de l’institution présidentielle et une volonté d’en découdre par tous les moyens, fussent-ils violents, avec ce mouvement de protestation inédit. Les policiers, qui ont manifesté sans arme et sans casquette, pourraient, s’ils décidaient de revenir à la charge, se voir confrontés à leurs collègues de la Gendarmerie nationale dépêchés à El-Mouradia pour les disperser par la force. Un tel scénario n’exclut pas des débordements qui pourraient envenimer une situation déjà tendue. Des sources autorisées n’ont pas caché leur inquiétude face à cette réaction paniquée du président Bouteflika et de son entourage qui recourt ainsi à la politique de la carotte et du bâton. La rue attend, inquiète, le résultat de la réunion de Sellal avec ses ministres, tout en sachant que ce conseil interministériel n’est pas habilité à discuter du sort qui devra être réservé à Abdelghani Hamel. Le premier point de la plateforme des revendications des policiers ne sera donc pas satisfait, du moins pas pour le moment, pour que cela ne paraisse pas comme une faiblesse de la part du régime. Et c’est la non-satisfaction de cette revendication qui fait craindre à la présidence de la République un retour à la protestation dès aujourd’hui. En agissant ainsi, le pouvoir perd le bras qui lui servait de bouclier contre l’opposition. Dès lors, rien ne sera plus comme avant.
Karim Bouali
 

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