L’industrie des vrais faux révolutionnaires – Acte II

Par Cheikh Hamdane – Mars 1962, s'il pouvait parler, il nous indiquera toute cette pourriture d'imposteurs, il vomira ces opportunistes et leur progéniture qui ont accaparé des avantages et biens réservés au malheureux peuple qui a voté le 3 juillet «Oui à l'indépendance». Les opportunistes de tous les temps, ces traîtres sans scrupules, avaient presque tout raflé, pendant que le brave peuple fêtait la fin d'une guerre, la fin d'un drame qui a endeuillé les deux communautés algérienne et européenne. Les vrais patriotes étaient occupés à la défense contre les actes de l'OAS dirigée par des officiers supérieurs de l'armée française, auteurs du putsch d'Alger, contre le général de Gaulle : Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Godard, Gardes, Susini, Perez, Broizat, Château Jaubert, Maurice Challe, entre autres. Une OAS créée le 11 février 1961, à Madrid, par Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde. Toutes les techniques du meurtre sont utilisées, du plastic au bazooka ; mais c'est le pistolet américain de calibre 45 qui était l'arme favorite des tueurs dont la plupart sont issus de la Légion étrangère, comme les actes commis par Jacques Mesrine en Algérie alors qu'il était un soldat. Un nouveau drame secoua les deux communautés qui espéraient vivre en fraternité après la guerre, si ce n'était cette OAS qui a mélangé les cartes et créé la haine en ouvrant des opportunités aux forces occultes des deux bords.
Autopsie d'une situation politico-sociale
La violence armée en Algérie a commencé depuis l'occupation du pays par les Français en juillet 1830, elle s'est poursuivie au lendemain de l'indépendance, avec la guerre fratricide entre «les frères combattants de l'ALN» (Armée de libération nationale). La guerre pour le pouvoir s'est ouverte après le coup de force du FLN contre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Encore des maquis reconstitués en Kabylie avec Aït Ahmed Hocine et le colonel Mohand Oulhadj, à l'est avec le plus jeune colonel de l'ALN Mohamed Chaâbani, qui fût arrêté par le commandant Ahmed Bencherif, jugé en express et fusillé à Canastel (Oran) en 1964, sans bénéficier de grâce du président Ben Bella qui a mis une opposition à toute discussion dans ce sens. Boumediene, alors ministre de la Défense, ne bougera pas le petit doigt. Dans ce début de l'indépendance, le GPRA, qui a mené et signé les pourparlers et les négociations d'Evian, a été victime d'un coup de force par les militaires soutenus par les faucons du FLN et écarté du pouvoir. Ben Bella, devenu «un symbole» grâce à la propagande des médias français et égyptiens, prendra le pouvoir et créera une milice armée dite milice de Hamadach. Plusieurs cadres du FLN et de l'ALN partiront en exil, dont Krim Belkacem, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider et Aït Ahmed qui réussira à s'évader de la prison d'El-Harrach. Mohamed Khemisti, ministre des Affaires étrangères, sera assassiné à Alger à sa sortie du siège de l'Assemblée nationale. Le tueur, Mohamed Zenadi, un ancien instituteur à l'école de la Cité foncière de Mostaganem, un homme inconnu au bataillon, sinon en sa qualité d'instituteur, était à l'époque armé d'une arme de poing, un revolver à barillet. Certains de ses élèves le désignaient comme fidaï à Mostaganem. Cet assassinat de Mohamed Khemisti demeure une énigme à nos jours. , alors ministre de la Jeunesse et des Sports, remplace le défunt Khemisti aux Affaires étrangères. Ben Bella ne tardera pas, il sera renversé par le ministre de la Défense, le colonel Houari Boumediene, et mis au secret dans une villa à Boufarik sous la garde et la responsabilité du colonel Abdellah Belhouchet. Ce coup d'Etat entraîna quelques troubles à Oran et Annaba, suivis d’arrestations de nationaux et d'étrangers, plus d'une soixantaine de Français qui étaient mêlés en quelque sorte avec la création de l'ORP (Organisation de la résistance populaire), une opposition à ce coup d'Etat, créée par Mohamed Boudia, Mohamed Harbi et Zahouane, entre autres. Pour les services de sécurité, les étrangers arrêtés seraient des agents affiliés aux services de renseignement de leurs pays, notamment le SDECE. Boumediene devient l'homme fort du pays, il annonce la création du Conseil de la révolution et prononce la dissolution de l'Unea (Union nationale des étudiants algériens), plusieurs étudiants seront interpellés, torturés et emprisonnés. Krim Belkacem, Boudiaf, Khider, Aït Ahmed, Ferhat Abbas et le colonel Mohammadi Saïd dénoncent la prise du pouvoir par le militaire Boumediene. Plusieurs cadres de la nation, dont des membres du gouvernement de Ben Bella, seront mis en prison ou en résidence surveillée, à l’exemple du président de l'Assemblée nationale, Hadj Benalla, qui a été mis en résidence surveillée à Oran. Plus tard, Krim Belkacem, le chef de la délégation du GPRA qui a négocié à Evian le cessez-le-feu, est assassiné dans sa chambre d'hôtel à Frankfort, en Allemagne, à ce jour, les auteurs de cet assassinat demeurent inconnus. Une source médiatique à l'époque accusait l'OAS. 1969, Boumediene, président du Conseil de la révolution est victime d'un attentat à Alger, organisé par sa garde, le commandant Moussa du CNS (Corps national de sécurité) serait l'auteur. Boumediene est légèrement blessé par les bris de verre de la vitre arrière de la DS Citroën, son chauffeur Tayeb est blessé aux jambes, suite à la collision du véhicule avec un mur. Les assaillants disparaissent dans la nature. Ils sont arrêtés plus tard, et au cours de leur jugement au tribunal, Boumediene annonce le pardon. Ils seront libérés. Mohamed Khider, qui s'est opposé à la restitution de l'argent du FLN (six milliards) collecté pendant la Révolution et déposé en son nom dans une banque à Genève (Suisse) est assassiné à son tour à Madrid (Espagne), après avoir remis des sommes d'argent à Aït Ahmed pour alimenter le compte de son parti d'opposition le FFS, à Mohamed Boudiaf, à Cherif Boumaza, à Moussa Hassani, entre autres. Quelque temps après, Ferhat Abbas, l'ancien président du GPRA, sera interpellé et emprisonné avec un groupe d'anciens grands militants, pour atteinte à la sécurité de l'Etat selon l'expression des responsables de l’époque. Fin 1978, Boumediene décède suite à une maladie suspecte, il sera remplacé par Chadli Bendjedid, imposé par Kasdi Merbah, le patron de la Sécurité militaire. Bouteflika quitte l'Algérie, la Cour des comptes ouvre une enquête à son sujet, selon les informations à cette époque, il serait mêlé à une affaire de budget des missions diplomatiques. Chadli tenta sans succès de sortir le pays du marasme social. Certains cadres de la nation lui barrent la route des réformes décidées.
C. A.
 

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