Madani Mezrag répond au président Bouteflika : «Personne ne m’empêchera de créer mon parti !»

L’ex-chef terroriste Madani Mezrag ne capitule pas. Quelques jours seulement après le «niet» que lui a signifié le chef de l’Etat par rapport à sa demande de créer un parti politique, il récidive en allant jusqu’à douter de l’authenticité du message et de son auteur. Dans une interview accordée à la chaîne de télévision privée Al-Watan TV, l’ex-chef de l’AIS déclare ne pas renoncer à son projet politique que «personne ne peut empêcher». Pour diminuer l’importance de la mise en garde de Bouteflika contre lui et ses acolytes, Madani Mezrag assure qu’il entretient de «bonnes relations» avec le pouvoir et que le président Bouteflika avait, par le passé, donné raison à ceux qui «sont montés au maquis dans les années 90». Pour lui, «Bouteflika ne lui a pas interdit d’activer, car il n’est pas en mesure de prendre des décisions. Il ne dispose pas de capacités physiques pour prendre toutes ces décisions annoncées ces derniers temps. Il y a des gens qui jouent avec l’avenir de l’Algérie, travaillent pour leur propre agenda», argue-t-il. Dans sa quête d’une «virginité politique», Madani Mezrag dit n’avoir aucune responsabilité dans ce qui s’est passé durant les années 90. Il se considère comme victime d’une «agression». «Madani Mezrag est un homme de religion et de politique. Il était dans un parti agréé, qui a obtenu la majorité dans les assemblées communales, de wilayas et au Parlement. Il a gagné des élections dans le cadre de la loi et selon les textes qui régissent la République. Certaines personnes du courant francophile qui sert la France plus que l’Algérie ont renversé la légitimité élective et ils se sont retournés contre la volonté du peuple», déclare-t-il, tentant ainsi de faire «passer» la pilule dans une conjoncture marquée par le retour en force de la thèse du «qui tue qui» en Algérie. Dans un exercice de victimisation, ce chef terroriste, qui a maintes fois reconnu avoir assassiné de ses propres mains des soldats de l’ANP, dit avoir été «contraint» de monter au maquis. Il nie par ailleurs toute implication dans les actions et les opérations terroristes qui ont fait plus de 150 000 morts durant ce qui est appelé la décennie noire. «Nous n’avions aucun projet djihadiste. Nous n’étions connectés à aucune organisation terroriste. Notre projet était un Etat islamique, aux contours clairs. Nous nous croyons toujours à notre projet et nous sommes convaincus que c’est la seule solution pour le pays. Et une bonne partie du peuple adhère à ce projet», fulmine-t-il, en excellant dans l’exhibitionnisme politique au lendemain du 10e anniversaire de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Madani Mezrag persiste à dire qu’au nom de l’accord signé entre le gouvernement algérien et l’AIS en 2000, il a le droit de créer une formation politique. Il ne reconnaît de ce fait ni la mise en garde du président Bouteflika ni le rappel à l’ordre du Premier ministre. Pour lui, «le FIS est toujours en vie dans le cœur des Algériens. Qu’on autorise le FIS (dissous) à revenir à l’activité politique et participer à des élections transparentes et vous allez voir à quel point le peuple adhère à son projet islamiste», clame-t-il dans ce qui s’apparente à un défi à l’Etat algérien, affirmant qu’il possède une armée de militants prête à concrétiser son projet obscurantiste. «Nous ne sommes pas responsables de la tragédie nationale. Nous sommes des victimes de la réconciliation, ils se sont retournés contre nous, ils ont tué, torturé et poussé à l’exil… ils ont fait plonger le pays dans une mare de sang. Et ils sont toujours au pouvoir», accuse-t-il tout en poursuivant : «Ils peuvent couper la route aux faibles. Mais les vrais militaires, leur force, après Dieu, c’est leur militantisme. Et rien ne va nous arrêter.» Cet ex-chef terroriste nargue ainsi la République en vivant encore dans son rêve d’instaurer en Algérie un Etat théocratique. Jusqu'à quand ?
Rafik Meddour
 

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