Sid-Ahmed Ghozali : «Les propos de Chakib Khelil sont méprisants pour le peuple algérien»

«Je crois à une impérieuse restructuration, progressive mais vigoureuse, des instruments institutionnels de l’Etat de droit, à savoir la justice, l’éducation, la santé et la sécurité», a affirmé Sid-Ahmed Ghozali au site Mondafrique. «Mais la construction d’une saine économie de marché ne peut se faire qu’avec une refondation des moyens de régulation de l’Etat», a encore déclaré l’ancien chef de gouvernement, qui dénonce la rétention de l’information par l’Etat : «Ce qui me fait le plus peur aujourd’hui, ce ne sont pas la pauvreté ou la corruption, mais le fait que la vérité ne parvienne pas aux Algériens dont on a détruit l’esprit», s’inquiète Sid-Ahmed Ghozali. Selon lui, le pouvoir «ne donne aux journalistes que des rumeurs toujours calculées». Pour l’auteur de Question d’Etat, si «le peuple algérien pouvait identifier les responsables» clairement sous Boumediene, bien qu’il ne fût pas démocrate, aujourd’hui, «ce n’est plus le cas». Sid-Ahmed Ghozali parle de «quelques fissures» qui se sont produites dans le système actuel, mais ce dernier, a-t-il ironisé, «est insécable, comme l’atome, après trente années de sédimentation». Selon lui, ce dernier «conserve la capacité de nomination, d’enrichissement et de répression». Interrogé sur l’affaire Khelil, l’ancien patron de Sonatrach entre 1965 et 1979 estime qu’«avec un mandat qui a duré douze ans, Chakib Khelil aura été le ministre qui aura duré le plus longtemps de tous les responsables de l’énergie en Algérie». Rappelant que «des enquêtes ont été déclenchées sur des faits qui ont eu lieu sur trois ou quatre ans pendant la période où il (Khelil, ndlr) était responsable», Sid-Ahmed Ghozali a qualifié les propos de l’ancien ministre de l’Energie de «méprisants pour le peuple algérien qui ne s’expliquent que par un formidable sentiment d’impunité». Pour lui, il n’y a pas de doute, «le jour où il n’y aura plus d’argent, le régime s’écroulera». «Et ce jour arrivera immanquablement», affirme-t-il, tout en réfutant l’idée que le pétrole soit «une malédiction pour l’Algérie». «L’idée que le pétrole aurait causé la perte de mon pays est trop souvent instillée dans les esprits. C’est un blasphème économique qui n’est posé que pour s’exonérer d’une impuissance avérée à mobiliser l’énergie créatrice humaine», a-t-il soutenu. «Si malédiction il y a, elle réside dans le fait de financer par des recettes pétrolières deux tiers du budget de fonctionnement de l’Etat et toutes les importations destinées à la consommation immédiate», a-t-il expliqué, estimant qu’«il faut utiliser ces richesses comme un catalyseur de développement durable, pour éradiquer le chômage et l’injustice, ce que nous n’avons pas fait». Pour Sid-Ahmed Ghozali, le pétrole «n’est pas coupable». Il en veut pour preuve les Etats-Unis qui sont «une grande puissance énergétique et la première économie du monde».
Karim Bouali

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