Toute «question nationale» est une question bourgeoise

Dans la mesure où la classe ouvrière palestinienne est concernée, la «question nationale» palestinienne confronte les différentes factions de la bourgeoisie palestinienne en guerre pour obtenir la gouvernance d'un bantoustan qui leur sera concédé au terme d'une surenchère meurtrière. De temps à autre, les cyniques capitalistes israéliens, de concert avec la puissance impérialiste étatsunienne, interviennent dans les disputes des capitalistes palestiniens afin de donner un coup de main à l'une des factions en conflits et pour soutenir les prétentions d'un groupe de bourgeois en guerre pour un bout de terre à exploiter et une communauté d'ouvriers salariés palestiniens à surexploiter. La chair à canon palestinienne, c'est-à-dire la classe ouvrière et la paysannerie palestinienne, est alors l'objet de bombardements sanglants, de crimes de guerre abominables ; de la destruction de leurs maisons emmurées dans le réduit de Gaza et dans quelques villes de Cisjordanie. Ils sont environ cinq millions de martyrs ainsi parqués à attendre que les factions palestiniennes se soient entendues avec les puissances internationales sur le partage des oripeaux de cette terre en lambeaux. Comme partout ailleurs sous le mode de production et les rapports de production capitalistes, les bourgeoisies nationalistes, tant palestinienne qu'israélienne, présentent leur cause chauvine comme la défense des intérêts de leur peuple respectif. La classe dominante présente ses intérêts hégémoniques comme ceux de la «nation» tout entière. Cependant, les marxistes révolutionnaires réfutent ces prétentions «nationalistes». En autant que la classe prolétarienne est concernée, il n'existe pas de «nations» colonisatrices et oppressives aliénant des «nations» colonisées – opprimées et exploitées. Entériner le concept de «nation oppressive» signifierait que la classe ouvrière d’une «nation» bourgeoise participe à l’oppression d’une autre «nation» – à la sujétion d'une «nation» opprimée. Or, pour opprimer un peuple – une classe – un groupe ethnique – une «nation», il faut que la classe oppressive et exploiteuse détienne le pouvoir. La classe oppressive doit contrôler l'appareil de l’État oppresseur afin de l’utiliser dans ses intérêts de classe comme instrument d’oppression d'une autre «nation» pour en tirer un bénéfice. En pays capitaliste la classe prolétarienne ne détient aucun pouvoir, aucun contrôle sur quelques éléments que ce soit de l’appareil d’État. Ainsi, la classe ouvrière américaine a toujours été sous le joug implacable du grand capital monopoliste, hier pseudo «démocratique» (sic), aujourd'hui totalitaire. La classe prolétarienne étatsunienne a été conscrite dans l’armée américaine raciste et expédiée de force dans la jungle du Vietnam pour y trouver la mort et pour y donner la mort, endoctriné par l'appareil de propagande des capitalistes étatsuniens. Jamais la classe ouvrière américaine n’a constitué la «nation» oppressive. Jamais le prolétariat américain n'a contrôlé ni été intéressé par l'oppression de la «nation» vietnamienne. Jamais la classe prolétarienne américaine n’a détenu le pouvoir de commander la guerre génocidaire contre le prolétariat vietnamien.
Une question nationale – une nation – sont des concepts nés de la révolution démocratique bourgeoise anti monarchique et antiféodale qui visait à ériger le pouvoir «démocratique» bourgeois sur une société appelée «nation». Après sa prise de contrôle de l'appareil d'État féodal, la bourgeoisie s'empressa de le transformer à son image. Elle se dépêcha de construire des frontières «nationales» pour la protection de son industrie «nationale» et garantir sa mainmise exclusive sur l'exploitation du prolétariat «national». La classe bourgeoise a conçu la morale «patriotique nationaliste» qu'elle a présenté comme universelle et transcendante des classes sociales et des intérêts de classe, présentant ses propres intérêts de classe comme naturels et universels.
La lutte de «libération» nationale palestinienne
La lutte de «libération» nationale palestinienne est une initiative de la bourgeoisie palestinienne soutenue par certaines puissances impérialistes qui pêchent en eau trouble dans cette région fortement convoitée pour ses richesses pétrolières. Quelques puissances impérialistes ont d'abord déporté dans cette contrée délaissée de l'Empire ottoman déliquescent des populations européennes stigmatisées qui depuis des siècles avaient servi de boucs émissaires aux sections les plus dégénérées de la bourgeoise européenne. On poussa le cynisme jusqu'à suggérer à ces populations déportées qu'elles appartenaient à une race – à un peuple élu – (sic). L'impérialisme britannique et français visait deux objectifs, se débarrasser de populaces qui ne pouvaient plus servir leurs desseins meurtriers dans l'Europe bouleversée et implanter dans cette contrée convoitée une colonie de peuplement qui ne pourrait faire autrement que d'être en guerre perpétuelle contre les autochtones expropriés et déplacés. Plus tard, l'impérialisme étatsunien hégémonique prit la relève et assuma l'armement et le soutien de cette implantation néocoloniale occidentale. Aujourd'hui, la bourgeoisie palestinienne – divisée en différentes factions – promeut son combat pour se tailler un fief, une «terre nationale palestinienne» sous la tutelle d'une puissance impérialiste afin d'exploiter le prolétariat palestinien dans des «sweats-shops» sis à l'ombre du Mur de ségrégation.
Robert Bibeau
 

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