Un militant anti-esclavage mauritanien croupit dans les geôles du régime dictatorial de Nouakchott

Au moment où le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, et son gouvernement cherchent à donner l’impression de peser dans les relations régionales, à travers notamment une agitation pathétique, dont on a vu un exemple dans l’affaire du diplomate algérien expulsé début avril, son pays peine à s’affranchir d’une pratique moyenâgeuse, l’esclavage, et les militants anti-esclavagistes sont pourchassés et durement persécutés. C’est le cas de Biram Dah Abeid, président d'une ONG de lutte contre l'esclavage, arrêté en novembre 2014 et condamné à deux ans de prison pour des motifs dignes factices : «appartenance à une organisation non reconnue, rassemblement non autorisé et appel à rassemblement non autorisé». Selon des sources médiatiques, le militant venait de rejoindre, dans la région de Rosso, dans le Sud, ses collègues qui menaient une campagne pacifique de sensibilisation au sujet du droit à la terre pour les descendants d’esclaves ; un sujet tabou en Mauritanie. Fondateur de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, interdite), en 2008, Biram Dah Abeid est vite devenu la bête noire de la dictature en place, dont il a subi toutes les affres : agressions physiques, arrestations arbitraires, interdiction de rassemblement et d’expression dans son pays. Les thuriféraires du régime n’hésitent pas à le montrer du doigt comme étant un «fauteur de trouble» dans un pays multiethnique. Or, son action pacifique et celle de son association ne font que rappeler la réalité amère et honteuse d’un pays où la pratique de l’esclavage est encore en vigueur, voire protégée et insidieusement codifiée par l’Etat, alors que, officiellement, les autorités s’en défendent et prétendent le combattre. Lauréat de plusieurs prix internationaux, dont celui du des Nations unies pour la cause des droits de l’Homme, en 2013, Biram Dah Abeid se bat d’abord pour l’affranchissement des siens, de sa caste, les Haratine, qui sont des Maures noirs descendants d’esclaves représentant près d’un tiers de la population mauritanienne. Voulant porter son combat sur le terrain politique, il se présente aux élections présidentielles de juin 2014 et se classe deuxième, engrangeant 8,6% des suffrages.
R. Mahmoudi 

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