Vers une confrontation entre les camps de Benflis et Bouteflika au lendemain du vote ?

Les échauffourées entre partisans de Bouteflika et Benflis, qui vont en se multipliant à l’occasion de la campagne électorale, n'augurent rien de bon. Cela prouve qu'on se dirige vers une confrontation plus grave le lendemain du vote, à l'annonce des résultats. L'hypothèse qui parle de deux candidats qui annonceront chacun sa victoire est très probable. On se retrouvera alors face à une situation délicate qui pourrait dégénérer. La compétition électorale entre les équipes des deux principaux candidats, le président sortant Abdelaziz Bouteflika et son ancien chef de gouvernement Ali Benflis, ne doit pas dériver vers les hostilités et franchir le pas qui mène à la violence. Tout doit rester dans le cadre de l’éthique. Mais certains incidents survenus durant cette campagne ne sont pas très rassurants. La même scène a tendance à se répéter : des individus, affichant leur soutien à l’un de ces deux candidats, se manifestent de façon agressive dans les espaces où sont animés des meetings de l’autre et tentent de lui gâcher la fête. Ces comportements sont le plus souvent le fait de jeunes mobilisés dans ce but. Ils commencent d’abord par perturber par leurs cris le meeting du concurrent puis sont tentés par la violence physique. Pour le moment, les incidents les plus graves prennent la forme de petites escarmouches, qui se déroulent à l’intérieur ou à l’extérieur des salles où l’un ou l’autre des candidats rencontre les électeurs. La forte participation des supports privés – sites électroniques, réseaux sociaux et chaînes de télévision – à la médiatisation de la campagne électorale a permis de constater ces dépassements, même si la crédibilité de l’information donnée par ces supports est parfois entachée, chez certains, par la propension à l’exagération. Heureusement, les actes d’agression qualifiés d’«inadmissibles» sont systématiquement dénoncés par les staffs des deux candidats. Aucun des deux ne veut, de toute évidence, endosser la responsabilité d’un dérapage qui peut vite arriver. Les qualificatifs restent mesurés pour le moment, on parle de dépassements dans les comportements. La Commission de supervision de l'élection présidentielle saisie par les cas de violence cherche à relativiser les faits en les mettant sur le compte de personnes surexcitées qui scandent des slogans hostiles à l’«autre» lors des meetings. Pourtant, les perturbateurs ne se limitent pas aux cris d’hostilités, ils tentent de passer à l’agression, à l’exemple de ce qui s’est passé à Marseille où, dit-on, Amar Ghoul, représentant de Bouteflika, aurait été pris à partie. Sur ce cas précis, Ali Benflis a évité de tomber dans le piège. Son staff s’est vite démarqué en condamnant les auteurs de ces «pratiques d'un autre âge». Lui-même, dans l’interview accordée à Algeriepatriotique (2 avril 2014) est catégorique : «Ceux qui réclament la violence et qui la pratiquent s’excluent du champ politique.» Pour Ali Benflis, la violence est «une ligne rouge, une ligne à ne jamais dépasser». On sait que le souhait difficilement caché dans une partie de l’opposition au «système» est de voir le désordre s’installer au lendemain du 17 avril à partir de résultats contestés, pour la mise en place d’une «transition», comme dans le début des années 1990, oubliant que bien des choses ont évolué depuis et que les circonstances ont totalement changé.
Karim Bouali
 

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