Acte islamophobe ou effet Trump ?

Par R. Mahmoudi – C’est peut-être la première fois qu’une attaque terroriste vise, avec une telle violence et autant de victimes, une mosquée et des fidèles en Occident. D’habitude, les lieux de culte musulman sont la cible d’agressions islamophobes plutôt symboliques (graffiti à caractère blasphématoire, jets de pierres ou tentatives d’incendie), motivées par une volonté d’afficher une certaine rancœur à l’encontre de la communauté musulmane, comme ce fut le cas suite à la vague d’attentats qui secoue la France depuis deux ans.

Mais cette attaque attribuée à un Franco-Canadien fausse toutes les lectures. C’est à se demander si ce n’est pas là l’objectif escompté par les commanditaires de l’acte. Il ne s’agit plus d’une guerre menée contre «des valeurs» ou «un mode de vie», comme on a coutume d’entendre de la bouche des hommes politiques, ni pour se venger d’un gouvernement engagé dans la traque des groupes terroristes. Le but recherché est, cette fois-ci, de semer la terreur au cœur même de la communauté musulmane vivant en Occident et d’accentuer l’animosité entre les deux en provoquant des sentiments de méfiance et de haine mutuels.

Cela ne pourra que profiter à la nébuleuse terroriste internationale incarnée aujourd’hui par Daech, qui a déjà prouvé qu’il pouvait frapper à n’importe quel moment et n’importe où – même dans une mosquée. Cette organisation transfrontalière, contrairement à son ancêtre qu’est Al-Qaïda, n’a plus besoin de former ou d’instruire ses adeptes à travers le monde pour perpétrer ou revendiquer un attentat. C’est pourquoi, d’ailleurs, la moindre fusillade aux Etats-Unis ou une attaque au cutter en France ou en Belgique sont automatiquement assimilées à des attaques terroristes.

Cela dit, ce qui risque de jeter le trouble sur cet attentat, c’est qu’il intervient dans une conjoncture marquée par une grosse polémique suscitée par la décision «anti-immigration» annoncée la veille par le nouveau président américain, Donald Trump, diabolisé à outrance par une bonne partie des médias dominants qui le présentent comme ayant dans son plan d’«exterminer» les musulmans.

Cet attentat contre une mosquée au Québec peut alors être interprété comme une réaction violente visant à galvaniser les musulmans dans ce pays voisin des Etats-Unis et à amplifier le sentiment antioccidental et, par ricochet, antiaméricain, en vue de faire avorter cette politique étrangère de Trump qui fait apparemment si peur. Est-ce cela le seul objectif ?

R. M.

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Commentaires

    nobody
    1 février 2017 - 9 h 44 min

    islamophobie ?
    Pourquoi personne ne s’offense quand l’Arabie saoudite interdit aux non musulmans de fouler la terre de la Mecque ? Pourquoi les musulmans ne s’offense t-il pas quand la loi islamique impose aux non musulmans sur son territoire le statut de  » Dhimmi  » statut d’un sous musulman pour ne pas dire  » sous citoyen  » puisque la notion de citoyenneté n’existe pas dans l’islam sauf celle du croyant ? Personne ne s’offense quand dans tous les pays arabe est décrété l’interdiction aux israéliens de s’y rendre, pourtant Israel est membre de l’ONU. Pourquoi on ne s’offense pas quand dans les pays arabes construire une église ou une synagogue est formellement interdit , alors que les pays occidentaux les mosquées pullulent . Beaucoup de questions auxquelles il faut répondre avant de se positionner dans la victimisation et de traiter les autres de racistes et d’islamophobes .

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