«Constantine, capitale de la culture arabe 2015» : la démission et les accusations de la porte-parole

La porte-parole de «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», Mme Faouzia Souici, a démissionné de son poste, remettant en cause la manière de faire des responsables de l’organisation de ce grand événement culturel. Dans sa lettre de démission adressée à la ministre de la Culture et publiée aujourd’hui sur sa page Facebook, la porte-parole de ce festival, chef du département de communication, a vivement dénoncé l’exclusion de la population de Constantine et surtout de ses artistes talentueux. «Quelle est l’utilité, madame la ministre, d’un événement d’une telle ampleur s’il n’offre pas l’occasion à sa population de mettre en avant son savoir-faire, son savoir-vivre, ses valeurs ancestrales, ses créateurs, à travers ses artistes, ses peintres, ses sculpteurs, ses cinéastes, ses boîtes de production, ses artisans ?» C’est pourquoi, explique-t-elle, aujourd’hui, «la population de Constantine refuse catégoriquement l’humiliation de figurer en "décor de circonstance"». «Je pense que vous le savez déjà. Sociologue de formation, vous ne pouvez qu’en maîtriser les tenants et aboutissants», dit Mme Souici à la ministre. Poursuivant son coup de gueule, la chef du département communication se demande pourquoi n’encourage-t-on pas les jeunes talents de la région afin de leur permettre de briller dans cet événement. «Savez-vous, madame, que l’un des jeunes cinéastes de Constantine a proposé lors de la rencontre avec la société civile de faire passer ses trois films lors de l’année de la capitale arabe à titre gratuit ?» a-t-elle précisé, soulevant le problème de prérogatives du département logistique qui restent floues et qui «piétinent dangereusement» sur celles du département communication. «A la tête du département communication, je n’ai pu réaliser cette tâche à cause de mon opposition au clan de prédateurs qui ont voulu confiner ma mission de chef de département et porte-parole officielle de l’événement à un rôle de faire-valoir.» Elle ne comprend pas comment les cinéastes talentueux de Constantine n’ont pu réaliser aucun des spots publicitaires prévus malgré leurs importantes concessions financières. «Les relations se sont nettement dégradées depuis mon opposition à la dernière visite d’une ancienne militaire de l’Armée royale marocaine, venue sur invitation du commissaire pour trois jours aux frais du commissariat pour la célébration du 8 Mars», explique-t-elle. Mme Faouzia Souici considère que la venue de cette Marocaine n’est pas fortuite. Pour elle, elle est là pour tenter de décrocher un autre contrat d’environ cinq millions de dinars. Mme Souici précise que la même invitée a déjà eu un contrat pour le village des enfants en novembre dernier. Elle parle également de 1,4 milliard de centimes débloqué pour la «sulfureuse Safinez» et des dérives morales qui se sont produites dans un hôtel à Constantine. «Mes déboires avec le commissaire ont aussi concerné mon refus catégorique de pré-financer la campagne publicitaire d’un organisateur de spectacles ayant bénéficié d’une cagnotte de 14 millions de dinars pour organiser des animations de spectacles au niveau de certaines communes sans convention dûment signée», ajoute-t-elle. Mme Souici affirme que ce ne sont là que quelques raisons qui l’ont poussée à la démission. Une démission faite avec beaucoup de «déception et d’amertume», précise-t-elle.
Rafik Meddour
 

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