Vers une confrontation entre Ennahda et les salafistes en Tunisie

La Tunisie de 2012 est la pâle copie de l’Algérie de 1991. Les nouvelles qui nous parviennent de ce pays voisin rappellent à s’y méprendre cette période charnière de notre histoire récente. Les manifestations récurrentes et bruyantes de la mouvance extrémiste dans ce pays en transition et les différents actes d’agression dont elle se rend de plus en plus coupable trahissent aussi bien ses objectifs futurs que l’incapacité du gouvernement tunisien à répondre à cette menace réelle qui pèse sur toute la région du Maghreb. Premier acteur à pâtir de cette montée tant fulgurante qu’attendue des extrémistes, au lendemain du renversement du régime dictatorial de Ben Ali, le parti au pouvoir, lui-même d’obédience islamiste : «Le plus grand danger pour la Tunisie, c'est le conflit entre la réaction et la modernité», a déclaré le numéro deux d’Ennahda, Hamadi Jebali, en sa qualité de chef du gouvernement. «Le pire, c'est de croire que la liberté et la démocratie ne sont pas compatibles avec l'islam», a-t-il insisté alors qu’il se trouvait sur le sol allemand, en mars dernier. «La démocratie est à un tournant», avait-il mis en garde. Aveu d’impuissance d’un pouvoir en phase d’apprentissage face à un phénomène rodé et difficile à juguler. Même réaction du côté du président provisoire, Moncef Marzouki, qui multiplie les «vives dénonciations» des agressions commises contre les hommes de culture. De la littérature comme seule arme contre des extrémistes religieux armés, eux, d’une volonté de fer de substituer «la loi de Dieu» à celle des hommes : «J’exprime ma solidarité avec les artistes face à la violation crainte de la liberté d’opinion et de créativité», déclarait-il à l’adresse des hommes de culture agressés par des «salafistes» alors qu’ils manifestaient pacifiquement sur l’artère principale de la capitale. Avant-hier, c’est à l’aéroport international de Tunis, vitrine d’un pays qui vit quasi exclusivement du tourisme, que ces mêmes extrémistes ont exhibé leurs muscles. «Quelle différence entre une Tunisie qui a farouchement réprimé jadis ses islamistes en raison de leur idéologie politique et religieuse et une Tunisie qui réprime aujourd’hui pour des convictions personnelles ?» s’inquiète Olfa Riahi, une jeune intellectuelle tunisienne qui, comme tous les démocrates de son pays, appréhende l’avenir avec crainte.
Sarah L.


 

Commentaires

    Anonym
    16 mai 2012 - 11 h 10 min

    Il faut du temps pour sortir
    Il faut du temps pour sortir de ces crises et ses conflits la France à mis deux ciecles après sa révolution historique dant les droits fondamentaux,liberté,égalité…
    Nous avons eu l’indépendance depuis 50 ans et durant ces années nous avons connu l’alphabétisation,la misère,la répression,la dictature et encore et encore donc le mieux c’est de passer à l’action c’est le moment de changement car notre religion parle de la liberté,la démocratie,l’égalité la science, et notre régime nous a fait recule 1 ciecle en arrière que dieu venge ses infidèles

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