Algérie Poste égare 22% du courrier et fait parvenir le reste sale
Le chiffre est abracadabrant ! Sur 100 lettres envoyées, 22 ne parviendront jamais à leurs destinataires. Cette grave anomalie qui caractérise Algérie Poste n’est pas l’unique dysfonctionnement au sein de cette institution stratégique qui relève de l’autorité exclusive de l’Etat. Malgré les 15 milliards de dinars alloués par le gouvernement pour financer le plan quinquennal de développement du secteur de la poste, qui comprend, entre autres, l’informatisation des bureaux de poste, le déploiement de 1 000 terminaux de paiement, la mise en exploitation d’un système de courrier hybride, l’usage de bornes multimédias, etc., l’exécution de ces actions fait ressortir «des incohérences et des contradictions flagrantes», a révélé une source informée à «algeriepatriotique». La contreperformance d’Algérie Poste est telle que les bénéfices générés ne couvrent même pas les frais d’un personnel dont 51% n’est pas productif, nous explique notre source, qui précise que «le ratio de rendement du personnel a permis de constater un faible apport à la production de la richesse d’Algérie Poste». «Cet apport va en diminuant d’année en année à cause de l’augmentation des effectifs qui sont passés de 27 000 à 28 000 employés», note encore notre source qui révèle que le maillon faible de la poste algérienne est l’acheminement et la distribution du courrier. Là aussi, les investissements consentis pour l’acquisition d’outils performants et la création de plusieurs nouveaux centres de tri, l’activité courrier, «qui est le cœur du métier d’Algérie Poste», reste le point noir du secteur. Une étude du CENEAP, le Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement, a démontré que, s’agissant de la qualité d’acheminement et de distribution du courrier, «les délais réels du terrain sont loin des objectifs arrêtés». En effet, quand le courrier n’est pas carrément perdu, 7% de celui-ci arrive au destinataire «sale et froissé», tandis que les délais d’acheminement sont «hors norme», puisqu’ils dépassent allègrement les 10 jours en moyenne. A cela s’ajoutent les lenteurs dans la confection des carnets de chèque, le dysfonctionnement des systèmes CCP, les arrêts fréquents des terminaux de paiement et le sempiternel problème de manque de liquidités. «Un bilan révélateur d’une mauvaise gestion sur tous les plans du service public assuré par Algérie Poste», conclut notre source.
Sarah H.
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