La censure d’une interview du gendre de Ben Ali fait scandale

La chaîne Ettounsiya TV a été empêchée de diffuser une interview de Slim Chihoub, un gendre du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali. Cet acte de «censure» qui ne dit pas son nom a été ordonné par le gouvernement islamiste d’Ennahda qui redouble d’actes hostiles à la liberté d’expression en Tunisie. Cette interdiction a suscité un vent de colère au sein de la corporation journalistique et une vague d’indignation des défenseurs de la liberté d’expression. Offusqué, le patron de la chaîne satellitaire El Hiwar El Tounsi dit «être prêt à diffuser l’interview de Slim Chihoub à la place d’Ettounsiya TV aujourd’hui à 21h». Pour lui, il s’agit d’un «acte de défense de la liberté de la presse». «Nos acquis sont menacés. S'ils (les islamistes d'Ennahda qui dirigent le gouvernement, ndlr) veulent me poursuivre, qu'ils le fassent», dit-il. Ben Hassine sait qu'Ettounsiya TV ne pouvait pas passer outre la décision d'un tribunal d'interdire la diffusion de l'entretien, relevant que la chaîne est dans une situation compliquée depuis le placement en détention provisoire de son patron, Sami Fehri». « Nos collègues sont dans une situation délicate ; leur patron est en prison, ils ne peuvent pas défier l'arbitraire du pouvoir», estime-t-il. Le Premier ministre Hamadi Jebali, un des dirigeants d'Ennahda, justifie cette décision par le fait que cette interview «est le prélude à une normalisation planifiée des symboles de l'ancien régime». Ennahda a été accusé à plusieurs reprises de chercher à contrôler la ligne éditoriale de plusieurs médias à qui le parti reproche d'être au service des tenants du régime déchu. Ancien champion de volley-ball et homme d'affaires connu en Tunisie, Slim Chiboub a présidé de 1989 à 2004 le club omnisports de l'Espérance sportive de Tunis (EST) dont l'équipe de football est l'une des plus populaires du pays. Réfugié depuis la «révolution de jasmin» aux Emirats arabes unis, Slim Chiboub a été condamné par contumace à cinq ans de prison pour détention d'arme à feu sans autorisation. Au-delà de la personnalité controversée de cet homme d’affaires et de sa proximité avec le régime Ben Ali, la censure de son entretien est perçu par de nombreuses personnalités politiques et médiatiques comme «une atteinte à la liberté d’entreprendre». «Le gouvernement Ennahda œuvre à contrôler tous les leviers du pouvoir. Et pour arriver à ses fins, il doit d’abord mettre au pas la presse et interdire d’antenne toute voix discordante. Il est devenu allergique à la critique», dénonce un journaliste tunisien.
Sonia B.

Comment (2)

    Karim
    24 novembre 2012 - 13 h 02 min

    Pour profiter des bienfaits
    Pour profiter des bienfaits de la démocratie il faut être soit même démocrate .Dans ce cas précis est ce que ce type a bouge le petit doit pour défendre la liberté d’expression du temps ou lui et sa meute dirigeait leur pays . ceci dit les actuels dirigeants sont de la même espèce que les Ben ali avec plus d’hypocrisie

    slimane abid
    23 novembre 2012 - 14 h 09 min

    Les islamistes sont toujours
    Les islamistes sont toujours comme ça: la démocratie et la liberté d’expression sont bonnes quand elles les portent au pouvoir. Et une fois installés sur leur fauteuil, il y aura inévitablement une fetwa qui tombera du ciel pour déclarer kofr ce « système » qui leur a permis d’accéder au pouvoir. Une manière pour eux de rester éternellement à la tête de la « oumma ». Ennahda est un parti pernicieux, hypocrite qui continue inlassablement à oeuvrer pour mettre au pas la presse et taire toutes le voix discordantes en taxant tout personne critique d’un apparatchik de l’ancien régime déchu. il est temps que les Tunisiens récupèrent leur révolution.

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