Mascarade délétère

Si le Qatar a été choisi comme organisateur de la 18e conférence de l’ONU sur le climat, c’est certainement parce qu’aucun autre pays n’a accepté de dépenser la moindre somme pour le faire. Le seul critère auquel répond ce petit émirat du Golfe est sa richesse qui provient de ses ventes d’hydrocarbures et surtout de gaz. En 2011, le Qatar était le 18e plus important producteur de pétrole brut (avec 60 millions de tonnes) et le 5e plus grand producteur de gaz naturel du monde, avec 150 milliards de m3. Sans cet avantage, primordial en temps de crise, le Qatar aurait été disqualifié pour une telle conférence à haute signification écologique. Tous ceux qui suivent l’actualité liée au phénomène du changement climatique savent que le Qatar est le champion du monde des émissions de gaz à effet de serre par habitant dépassant, même, de presque trois fois les Etats-Unis qui sont le plus gros pollueur de la planète. Ils savent également qu’à travers toutes les négociations sur le climat qui ont précédé celles qui s’ouvrent aujourd’hui à Doha, le Qatar a été le champion de l’obstruction dans les discussions sur l’adoption de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pour l’empreinte écologique, c'est-à-dire la surface de terre et le volume d'eau nécessaires pour produire les ressources consommées par la population chaque année et absorber le dioxyde de carbone rejeté, celle du Qatar est également la plus forte. Il faut savoir que dans ce pays, l'électricité étant gratuite, son gaspillage est encouragé. Alors, qu’est-ce qui pousse le Qatar à vouloir jouer les premiers rôles dans la lutte contre le changement climatique ? Ce richissime émirat, instrument des Etats-Unis et des pays occidentaux, veut tout simplement se donner une stature internationale comme le prouve l’agitation de ses dirigeants dans les réunions internationales consacrées à la situation explosive dans la région.
Cherif Brahmi