France : l’expulsion de deux Algériens soulève un vent d’indignation
L’expulsion de deux sans-papiers algériens de Lille a soulevé un vent d’indignation dans l’Hexagone. Les associations de défense des sans-papiers se sont élevées contre cette pratique discriminatoire et exigent le respect de la dignité humaine. Ces deux Algériens, qui observaient depuis 59 jours une grève de la faim avec une cinquantaine de sans-papiers à l’intérieur d’une église de Lille, au nord de la France, ont été interpellés le 21 décembre et conduit le 30 décembre manu militari à l’aéroport Roissy Charles-De-Gaule où ils ont été mis à bord d’un vol d’Air France vers Alger, indique le Comité des sans-papiers du Nord (CSP 59). L’un des deux expulsés a été hospitalisé à son arrivée en Algérie. Son état reste toujours critique, selon le comité qui a reproduit le récit de leur expulsion pas du tout amusant.
Menottés et bâillonnés
«Ils ont été réveillés à 3h du matin, menottés, amenés dans deux voitures, placés dans la zone 2F de la PAF. On les a ensuite fait monter en zone 2E dans le vol Air France/KLM de 7h30 pour Alger, accompagnés de trois policiers. Dès la montée des premiers passagers, ils crient pour attirer leur attention. Pour les faire taire, les policiers leur ont mis du ruban adhésif sur la bouche et ligotés jusqu’à leur arrivée à l’aéroport d’Alger», souligne le comité qui dénonce par-là «la perfidie inhumaine du ministre de l’Intérieur qui, comme Sarkozy, obéit aux injonctions et aux provocations racistes du FN sous le prétexte que la gauche n’est ni angélique, ni laxiste». Lors d’une assemblée générale le lundi 31 décembre, les sans-papiers grévistes et non grévistes ont appelé à une collecte d’argent pour contribuer aux soins en Algérie des deux expulsés. Ils ont également interpellé l'Etat algérien pour qu’il agisse et exige le respect par l'Etat français de la dignité et des droits des travailleurs algériens en France. Et en dernier lieu, ils ont appelé à une mobilisation contre ce qu’ils qualifient d’«une politique socialiste copiée sur celle de Sarkozy qui a été inspirée par les Le Pen». De son côté, le mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), très représentatif et actif, a exprimé dans une lettre adressée au préfet de Lille toute son «indignation et consternation» quant aux méthodes déployées à l’encontre des sans-papiers en lutte du collectif du nord (CSP 59). Il demande dans ce contexte «solennellement et en urgence la régularisation de tous les grévistes de la faim du CSP 59 et le retour des grévistes algériens sur notre sol, dès que leur état le permettra».
Le Vatican interpellé
Le 9e Collectif des sans-papiers s’est solidarisé avec les grévistes de Lille en occupant tout au long de la journée d’hier l’ambassade du Vatican à Paris (VIIIe). Par leur action, ils ont tenté de sensibiliser le Vatican sur la nécessité d’aider les sans-papiers, regrettant que ceux de Lille soient arrêtés alors qu’ils se réfugiaient dans une église. Avec les mesures drastiques prises pour limiter les régularisations, il y a de plus en plus de sans-papiers en France. Même s’il n’y a pas de chiffres précis, les Algériens devraient être en tête au vu du nombre d’émigrés qui rejoignent la France chaque année. Souvent sans retour. Le Bureau international du travail estime que le nombre total de sans-papiers vivant sur le territoire français est entre 350 000 et 400 000. 90% d'entre eux sont salariés. La précarité de leurs conditions de vie a entraîné la création de collectifs exigeant une régularisation massive qui n'a jamais été accordée. Les dossiers déposés en préfecture sont étudiés au cas par cas.
Sonia B.
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