FFS : «Tamazight reste une langue marginalisée et secondaire»

Au cœur du débat sur la révision de la loi fondamentale, le Front des forces socialistes (FFS) tire la sonnette d’alarme sur l’avenir menacé de la langue de nos ancêtres, tamazight. Dans une table ronde organisée aujourd’hui samedi au siège du parti, un panel d’experts pose les termes du débat : comment sauvegarder ce «ciment de notre identité» berbère ? Pour Abdelkader Kacher, professeur des universités en droit international, l’état catastrophique dans lequel se trouve actuellement cette langue maternelle de nombreux Algériens est essentiellement dû à la «manipulation» juridique de son statut. Son caractère national inclus dans la Constitution en 2001 n’est guère traduit dans les faits et en pratique sur le terrain. Tamazight reste une langue marginalisée et secondaire, devant l’officielle langue arabe. Kacher relève le manque d’outils juridiques qui peuvent faire avancer l’enseignement et l’utilisation de cette langue partout dans la vie quotidienne. Au Maroc, comme en témoigne Meryem Demnati qui a présenté l’expérience marocaine, l’enseignement de tamazight est obligatoire dans tous les établissements scolaires. Le professeur Kacher insiste ainsi sur ce point tout en considérant le caractère facultatif de l’enseignement de tamazight comme «un fait grave qu’il faudra bien dénoncer», comme d’ailleurs «son confinement dans certaines wilayas du pays qui n’encourage en aucun cas son progrès». Belkacem Mostefaoui, professeur en sciences de l’information et de la communication, insiste sur l’usage de la langue pour la préserver et la faire vivre. Il appelle ainsi à son utilisation dans les nouveaux moyens de communication par Internet. Car, regrette-t-il, «cinquante ans après l’indépendance du pays, le combat de Mouloud Mammeri, de Kateb Yacine et d’autres militants de leur temps, un temps non proche de cette ère de technologie, leur volonté et engagement ne sont pas aujourd’hui adaptés aux usages des nouveaux outils de communication». Le même expert estime primordial l’encouragement de la production littéraire, culturelle, artistique et cinématographique en langue amazighe. Il fait également le constat de l’absence de supports médiatiques en langue amazighe. «Si tamazight n’est pas officialisée, c’est parce que notre Président ne se reconnaît pas dans cette langue de nos ancêtres», soutient-il. De son côté, Mohand-Akli Salhi, professeur au département de la langue amazighe de Tizi Ouzou, a relevé l’inexistence de tamazight dans la vie de tous les jours. Un manque de visibilité qui rend difficile la lisibilité de cette langue. «Où réside tamazight si elle n’est pas inscrite dans des panneaux de signalisation, si elle n’est pas utilisée dans les crèches, dans les conférences ?» s’interroge-t-il. Il regrette que les partis politiques favorables à cette langue ne fassent pas d’efforts au sein même de leurs structures afin de développer la langue à travers son usage dans le travail quotidien. La question de la graphie, réglée au Maroc, se pose encore chez nous. Et là, les avis sont partagés entre les latinistes et les arabistes. Pour les experts présents à ce débat, la question est déjà réglée sur le plan pratique car l’enseignement se fait essentiellement en latin. Mais le problème demeure entier sur le plan politique. Comme d’ailleurs le devenir de cette langue et son officialisation ou pas. Des cadres et militants du pari ont plaidé unanimement pour plus de pressions politiques à même d’amener les responsables à prendre sérieusement en charge cette langue qui est le marqueur de l’identité amazighe.
F. Amraoui
 

Commentaires

    00213
    14 avril 2013 - 16 h 36 min

    Il faut arrêter avec cette
    Il faut arrêter avec cette amazighité ou cet arabisme !
    L’Algérie est algérienne et C’EST UN MELTING POT de culture et de tradition.
    .
    Notre histoire est unique tout comme notre peuple, revendiquer telle ou telle culture c’est avant tout créer des fossés parmi le peuple.
    .
    Diviser pour mieux régner…

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