Farouk Ksentini : «La corruption ne cesse de gangrener le pays»
La problématique de la corruption qui «gangrène» le pays constitue l’essentiel du rapport 2012 de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH), remis au président Bouteflika, en janvier dernier, par son président Me Farouk Ksentini. Evoquant l’ampleur qu’à prise ce phénomène notamment durant les dernières années, la commission n’est pas allée avec le dos de la cuillère pour brosser, à ce sujet, un tableau des plus noir. Tout en tirant la sonnette d’alarme, la commission de Farouk Ksentini ne manque pas de mettre en garde contre ce fléau qui, relève-t-elle, «ne cesse de gangrener le pays». La gravité de la situation est, selon la commission, telle que la corruption qui «se banalise et l’impunité aidant, risque d’entraver toute démarche destinée à atteindre les objectifs socio-économiques». Posture peut-être inhabituelle de la part de la commission, celle-ci va indirectement jusqu’à douter des mesures prises jusque-là par les hautes autorités du pays dans le cadre de la lutte contre le phénomène. «Si les hautes autorités nationales n’entreprennent pas des actions profondes et continues d’éradication de ce fléau, pour le moins dévastateur et devant toucher l’ensemble des secteurs, notamment ceux créateurs de richesses et les plus hautes sphères de la hiérarchie de l’Etat», la situation, sous-tend-elle, risque de devenir irréparable. Pour cette commission consultative, il devient urgent d’engager «une lutte effective et durable contre ce mal et les scandales qu’il génère», recommandant d’associer dans cette lutte «l’ensemble des acteurs institutionnels et non institutionnels, les médias et la population». Cependant, estime-t-elle, rien ne pourrait se faire sans que les autorités permettent «au pouvoir judiciaire d’exercer pleinement, sereinement et de manière indépendante l’ensemble de ses prérogatives légales». «L’ascension sociale extraordinaire de certains groupes sociaux, provoquée par les énormes recettes engrangées du pétrole» n’a, également, pas échappé à la commission de Ksentini qui dénonce un enrichissement illicite de ces personnes. «Cette ascension fulgurante a occasionné des disparités entre les strates de la société. Une minorité riche de façon ostentatoire et une bonne majorité vivant dans le besoin, voire pour certains dans la pauvreté», lit-on encore à ce propos, dans le rapport de la commission.
Amine Sadek
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