Permission aux exclus de repasser le bac : Sellal irrite les syndicats
La déclaration du Premier ministre Abdelmalek Sellal concernant les exclus du bac en a surpris plus d’un et créé un précédent dangereux lorsque, en marge de la clôture de la session de printemps de l’Assemblée populaire nationale (APN), il a affirmé que «les exclus pourront refaire l’année», suite à des manifestations organisées par les fraudeurs et leurs parents. Des cas de tricherie avaient été enregistrés dans certains centres d’examen du baccalauréat et, par conséquent, tous les fraudeurs devaient être lourdement sanctionnés, soit une interdiction de passer l’examen du bac pendant cinq ans. Une sanction prévue dans la réglementation, approuvée entièrement par les enseignants et les syndicats qui la considèrent comme «légale, légitime et nécessaire» pour que cela ne se reproduise plus à l’avenir. Approché par Algeriepatriotique, le secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), Achour Idir, a indiqué que son organisation est «contre cette interférence» de la part des politiques. «C’est malheureux qu’une affaire pédagogique devienne une affaire politique», regrette-t-il. Selon lui, ce n’est pas un chef de gouvernement ou un président de la République qui doit lever une sanction. «Des recours doivent être introduits et ce sont les conseils de classe dans les différents lycées ou bien les conseils de discipline qui ont les prérogatives pour prendre une telle mesure», explique-t-il. «Si des injustices ont pu être commises, il faut, ajoute-il, les rectifier.» Pour le secrétaire général du Snapest, Meziane Meriane, il aurait fallu qu’une étude des dossiers soit faite «au cas par cas» et non de cette manière «globale» qui est une «atteinte à la crédibilité» de l’examen du bac et à l’Ecole algérienne. «Cette décision crée un antécédent grave pour les années à venir, où les mêmes événements risquent de se reproduire», s’est-il inquiété, tout en affirmant que par cette décision, le Premier ministre «recherche la paix sociale à tout prix». Meriane accuse Sellal carrément de «bafouer les fondements de la République». «Nous ne voulons pas de cette paix sociale qui porte atteinte à la crédibilité de tout un Etat», s’insurge-t-il. Quant au secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), Mohand Ameziane Bensider, il explique que l’examen du bac est l’un des examens les plus importants qui donne du crédit à l’Ecole algérienne sur les plans national et international. Or, par cette décision du chef du gouvernement, «cette crédibilité n’existe plus». «Il faut que l’impunité cesse dans tous les secteurs et que la tricherie soit punie», dénonce-t-il, en ajoutant : «Malheureusement, la fraude n’est pas propre aux élèves.» «L’Ecole est la colonne vertébrale de toute une société ; si elle va bien, la société va bien aussi», conclut le SG du Satef. Pour sa part, l’Union nationale des associations des parents d’élèves, par la voix de son président, M. Belalou, s’est dite satisfaite de cette décision «historique» prise par le Premier ministre. Une décision qui, selon cette organisation, redonne espoir aux élèves pour poursuivre leur scolarisation l’année prochaine.
Mohamed El-Ghazi
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