Des militaires français menacent le président François Hollande d’un retrait de confiance
Des officiers et anciens officiers de l'armée française se rebiffent. Ces hauts gradés, qui se donnent pour nom «Sentinelles», adressent au président français François Hollande un manifeste qui équivaut à une motion de rupture de confiance au chef des forces armées. Selon ces officiers, l’institution militaire, dont le «démantèlement» arrive à son terme, est passée du statut d’institution «régalienne majeure» à celui d’une «société de service» que l’on rétribue à la tâche. Pour eux, le soldat «est prié de verser son sang» dans le silence et l’indifférence en se soumettant à un devoir d’Etat, lequel est abandonné par «ceux censés le faire mettre en œuvre et le faire respecter». «Ce désastre consommé ne peut plus être confiné sous l’éteignoir d’un devoir de réserve de la grande muette, caution hypocrite et confortable à la disposition de tous les habiles pour esquiver dans le confort de la chose publique leurs responsabilités envers la nation», s’insurgent les officiers dans ledit manifeste. Ces officiers anonymes jugent de «grande faute» le fait de sacrifier le bras armé de la France au gré des idéologies de rencontre et de quelques embarras financiers, notamment devant les reconfigurations géopolitiques qui seront, éventuellement, définies dans un avenir proche. «C’est une faute en regard du monde tel qu’il s’organise et dont chacun sait qu’il réservera de fâcheuses surprises. L’absence actuelle de menace militaire majeure n’est qu’un simple moment de l’Histoire», considèrent-ils, et d’ajouter : «Ce calme apparent ne doit pas masquer les reconfigurations géopolitiques qui marginaliseront, pire élimineront sans pitié les nations au moral défaillant». C’est également une «faute», selon eux, vis-à-vis de la sécurité des Français, de faire disparaître cette institution «désormais comateuse» qui se veut être le pilier majeur de la capacité de résilience d’une nation. «C’est une faute d’éliminer l’une des institutions fabriques de liens dont la France a un urgent besoin face à l’action déterminée de forces centrifuges, dont elle est coutumière, et mises généralement au service d’intérêts particuliers et communautaristes», indiquent-ils encore. Appelant à une «impulsion réparatrice» pour leur armée, ces officiers estiment que pour y arriver il est impossible de faire «l’économie d’un certain nombre de dispositions, dont l’abandon ou le travestissement ne sont plus acceptables». Les signataires de ce manifeste ont formulé certaines mesures qui doivent être prises en considération par la hiérarchie militaire, telles qu’un budget décent, un effectif en nombre suffisant et «une organisation des forces parfaitement univoque, tout en faisant la répartition qui convient entre des professionnels en nombre suffisant et les citoyens en armes qui doivent impérativement revenir au centre de notre dispositif sécuritaire et identitaire ». Egalement, une répartition équilibrée entre l’exécutif et le Parlement, laissant au militaire le devoir d’exercer librement son conseil. Il est noté que d’autres mesures seront déclinées, point par point, dans les prochains jours et dont la réalisation sera demandée avec détermination et constance par ces mêmes signataires, sans quoi ils recourront «à des formes de représentation qui pourraient s’avérer, un jour peut-être proche, le seul moyen pour nos soldats de se faire entendre».
Mohamed El-Ghazi
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