Benflis-Bouteflika : «Je t’aime, moi non plus»
Si le clan présidentiel n'était pas aveuglé par son régionalisme primitif, qui le pousse à mépriser le peuple algérien et les cadres issus d'autres régions du pays, il devrait comprendre qu'il ne trouverait pas mieux que M. Ali Benflis pour succéder à Abdelaziz Bouteflika en 2014. En effet, malgré tous les coups bas dont il a été victime de la part des serviteurs zélés de Bouteflika, durant et après la campagne électorale de la présidentielle de 2004, qu'il aurait largement gagnée, M. Benflis n'a jamais manqué de respect à son rival, pour lequel il ne cache pas son estime jusqu'à présent, certainement en souvenir des bons moments partagés avec lui et que des personnes malveillantes avaient hélas perturbées. Récemment encore, Benflis avait publiquement déclaré qu'il ne ressentait aucune rancœur envers «Si Abdelaziz», ni envers toute autre personne d'ailleurs, et que son seul but, une fois élu président de la République, était de rassembler les Algériens qui souhaiteraient travailler avec lui pour l'aider à ajouter sa pierre à celles qui ont été placées, depuis 1962, par ses prédécesseurs, dans le cadre de la mission, ô combien exaltante !, de l'édification nationale et de la mobilisation de son formidable potentiel humain et naturel. Merci, M. Benflis pour votre générosité et votre grandeur d'âme et d'esprit, dont personne ne doit douter. Votre parcours exceptionnel fait de vous l'homme de la situation, dont notre pays a besoin à cette étape de son évolution globale.
Je souhaite de tout cœur que Bouteflika dessille ses yeux et ait assez de lucidité pour pouvoir s'extraire à l'influence néfaste et sortir des serres des aventuriers et des jusqu’au-boutistes qui n'ont aucun respect pour son intégrité physique et mentale, et piétinent sa dignité, dans le seul but de continuer à assouvir leur haine et leur ambition personnelles. Il comprendrait sûrement que M. Ali Benflis mérite largement de lui succéder en avril 2014 ; il pourrait alors lui tendre une main fraternelle et réconciliatrice afin d'assurer au pays une succession pacifique et bénéfique sur de nombreux plans. Sauf si, comme l'a dit l'ambassadeur Abdelkader Dehbi, qui connaît les Bouteflika depuis Oujda, «Bouteflika est maudit et ne pouvait faire que ce choix désastreux pour lui et pour le pays». C'était lorsque Bouteflika avait décidé, en novembre 2008, de modifier la Constitution algérienne pour s'octroyer un 3e mandat, qui ne lui a pas finalement porté bonheur. En effet, en presque 5 ans, Bouteflika, qui était souvent malade et éloigné de la scène politique nationale, n'avait effectivement exercé ses fonctions que pendant quelques mois. J'espère que les épreuves qu'il a subies, durant ce mandat de trop, l'ont aidé à «mûrir» (tab djenanou), comme il l'a lui-même dit à Sétif , il y a plus de deux ans, pour prendre aujourd'hui la bonne décision, celle que la raison impose pour lui et pour le pays. Sinon, il sera pris en flagrant délit de parjure à la nation et c'est grave !
Ali Bounif
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