Cas de paludisme en Algérie : les esquives du gouvernement
Le ministère de la Santé continue de minimiser le risque de propagation du paludisme suite aux cas recensés dans les rangs des supporters algériens revenus du Burkina Faso. Dans toutes les interventions des officiels à propos de la maladie qui progresse dans plusieurs régions du pays, depuis le mois d’octobre, il n’est question que des cas de malaria «locale»et dont le traitement est maîtrisé par les spécialistes. «Treize cas notifiés de paludisme, dont trois sont décédés, ont été enregistrés par les services de santé, notamment, dans les wilayas de Ghardaïa et de Batna entre octobre et novembre, a indiqué le directeur central de la prévention au ministère, Smaïl Mesbah, lors de son passage à l'émission «L'invité de la rédaction» sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Aucun mot n’a été dit sur la dizaine de cas enregistrés dans les rangs des supporters à Alger et à Oran ni sur le décès du cameraman de la Télévision nationale. Pourtant, c’est là que réside le vrai problème. Il y a eu un millier de supporters algériens au Burkina Faso. Leur retour s’est effectué dans des conditions difficiles puisque des centaines d’entre eux ont attendu pendant des heures à proximité d’un marché de fruits et légumes infesté de moustiques. Non informés, beaucoup d’entre eux ont consommé l’eau du robinet, n’ayant pas, de toute façon, les moyens de prendre des précautions particulières. Pourquoi le ministère refuse-t-il de faire un dépistage à tous ces supporters ? Qu’attendent les autorités sanitaires pour convoquer les jeunes ayant fait le déplacement à Ouagadougou ? L’opération paraît pourtant simple, le listing des voyageurs étant au niveau d’Air Algérie, le dépistage pourrait se faire facilement. Il y a urgence, surtout que les conditions environnementales dans certains quartiers et la prolifération de moustiques sont des facteurs de risque à prendre en compte. Dans son intervention à la radio, le professeur Mesbah s’est voulu rassurant : «Le foyer apparu à Ghardaïa a été tari et aucun nouveau cas n'a été enregistré.» Rien n’a été dit sur les cas enregistrés à Alger et Oran. Le gouvernement veut-il éviter de créer une panique à quelques jours du match retour à Blida ? Veut-il garder toutes ses chances de tirer de bons dividendes de la mobilisation autour de ce match ? Des questions nombreuses se posent et les citoyens ont le loisir de spéculer et de craindre le pire au vu de l’absence de communication sur le sujet. Pendant ce temps, les responsables esquivent.
Meriem Sassi
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