Libération des détenus de Guantanamo : un aveu d’échec ?

Le Congrès américain a décidé le rapatriement des prisonniers de Guantanamo vers les pays d’origine, estimant qu’ils ne représentent plus une menace pour la sécurité nationale, mais en interdisant leur transfèrement aux États-Unis. Une appréciation surprenante au vu de la détérioration sécuritaire dans de larges parties du monde. Ce revirement dans la position américaine est-il synonyme d’un changement de stratégie concernant les personnes détenues à Guantanamo dans le cadre de la lutte contre Al-Qaïda, ou est-ce simplement le signe d’un échec de la politique adoptée par les Etats-Unis dans la gestion de ce camp. D’autres questions s’imposent, notamment celle de savoir si nous ne sommes pas en face d’un plan d’utilisation de ces prisonniers pour les besoins d’infiltration des groupes armés comme cela a déjà été révélé dans les médias américains par le passé. Il y a quelques années en effet, l'agence Associated Press (AP) avait révélé comment les autorités américaines ont transformé d'anciens prisonniers en agents doubles pour obtenir des renseignements sur des terroristes. «D'anciens détenus de la prison américaine installée à Cuba ont participé à un programme secret de la CIA entre 2001 et 2006», a rapporté l’agence le 26 novembre 2009, citée par le Washington Post. «Renvoyés chez eux pour aider les Etats-Unis à tuer des terroristes», des prisonniers se sont vu promettre «la liberté, la sécurité pour leurs familles et des millions de dollars», avait alors affirmé AP, qui avait interrogé une dizaine de responsables américains sous couvert d'anonymat. Ce cas de figure est-il envisageable aujourd’hui ? C’est en tout cas une piste d’explication qui s’impose au vu des arguments officiels avancés par les Américains concernant l’absence de danger pour les pays qui recevront les anciens détenus. Pourtant, dans de larges régions d’Afrique et d’Asie qui seront probablement les destinations des détenus de Guantanamo libérés dans les prochains mois, l’activité d’Al-Qaïda ne cesse de s’intensifier. La situation sécuritaire est notamment préoccupante au Sahel et au Maghreb, ainsi qu’en Asie comme en témoignent les opérations sanglantes exécutées au Yémen au sein même des institutions de la défense nationale. Ce ne sont pas là des signes de détente sécuritaire et de paix retrouvée dans les pays où seront envoyés les détenus. Selon le sénateur démocrate Carl Levin, qui a annoncé le compromis du Congrès américain à la presse, «environ la moitié des détenus pourraient être transférés vers les pays tiers d'où ils viennent. L'autre moitié resterait à Guantanamo en raison de l'interdiction de les transférer aux États-Unis». Il faut savoir qu’il reste 162 détenus à Guantanamo, après le retour en Algérie de deux détenus jeudi dernier. 82 ont été jugés libérables par l'administration américaine, qui considère qu'ils ne représentent plus de risque pour la sécurité nationale. 56 Yéménites figurent parmi eux.
Meriem Sassi

Comment (2)

    Safiya
    10 décembre 2013 - 15 h 32 min

    « (…) avait révélé comment
    « (…) avait révélé comment les autorités américaines ont transformé d’anciens prisonniers de guerre en agents doubles pour obtenir des renseignements sur des « terroristes » (c’est moi qui met des guillemets au mot). »

    Tous les révolutionnaires anti-système, tous les combattants pour la libération nationale étaient traités de terroristes par les Américains. Mandela, lui-même, dont Obama disait qu’il était le meilleur humain de cette terre, en fut affublé.

    Par les temps qui courent, tout peut être possible. Pourquoi s’il ne présentent plus aucune menace, le Congrès ne veut pas de leur transfèrement chez eux ?

    Ces prisonniers ont quand même passé de longues années, emprisonnés dans d’atroces conditions qui non seulement fragilisent mais déshumanisent. Donc facilement « endoctrinables » mais bon, je dis cela comme ça, je n’ai pas la science infuse.

    Mais bon, il y a quand même assez d’éléments si les journaux qui ont parlé de ces anciens prisonniers n’affabulent pas.

    Perso, je me dis que même le7hmar wi hez wednih wel fahem yefhem…

    Lyes48
    10 décembre 2013 - 15 h 03 min

    Je viens de lire dans un
    Je viens de lire dans un autre quotidien que les autorités algériennes refusent d’accorder des visas aux chercheurs d’Amnesty International , comme l’a indiqué, ce mardi, Mme Hassina Oussedik, directrice de l’ONG en Algérie. Les Etats Unis d’Amerique leur ont ils accordé un visa pour Guantanamo ?

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