Ramtane Lamamra qualifie les propos de François Hollande d’«improvisation périlleuse»

Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a qualifié la blague de mauvais goût du président français, François Hollande, d’une «improvisation périlleuse». Répondant à une question d’un journaliste lors d’une conférence de presse animée conjointement avec son homologue chinois, le ministre des Affaires étrangères représente ainsi les propos de François Hollande comme une moins-value aux relations bilatérales. «Il est clair qu'il s'agit d'une moins-value par rapport à l'esprit qui enveloppe nos relations et à la réalité de ce que les délégations françaises et même les autres peuvent constater de la situation sécuritaire en Algérie», a-t-il indiqué. Des relations qui «se sont terminées sur une bonne note en décembre 2012», souligne-t-il, avec la visite du président français en Algérie, regrettant que ce ne soit pas le cas cette année. M. Lamamra a ajouté que «le sens de l'humour peut apporter une valeur ajoutée au sens des responsabilités lorsqu'il s'exprime avec élégance, avec mesure et qu'il introduit de la décontraction dans le cadre de cet art souvent austère qui est la pratique de la diplomatie. A l'inverse, le sens de l'humour peut être générateur d'une moins-value lorsqu'il aboutit à suggérer que les réalités ne seraient pas celles qui sont à la portée de tous et qui ont pu être vérifiées par tous». Il rappelle dans ce sillage que l'Algérie a eu le «plaisir» et le «privilège» d'avoir en visite d'Etat le président français, qui a pu bénéficier, aux côtés du président Bouteflika, de bains de foule et de l'hospitalité chaleureuse du peuple algérien à Alger comme à Tlemcen. Manuel Valls, affirme-t-il, qui était son interlocuteur pendant sa récente visite en Algérie où il accompagnait, avec une importante délégation, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a eu un traitement royal et n'a, à aucun moment, ressenti en lui la «moindre préoccupation» concernant sa propre sécurité comme celle de toute la délégation. Pour Ramtane Lamamra, il faudra maintenant trouver le moyen de tourner la page pour mieux regarder vers l’avenir. Lors d’un discours prononcé dans une soirée d’anniversaire organisée à l’Elysée pour les 70 ans du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), M. Hollande avait fait une plaisanterie de très mauvais goût en se disant réjoui que son ministre de l’Intérieur soit revenu d’Algérie «sain et sauf». Avant Ramtane Lamamra, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, a qualifié les propos du président français de «provocateurs» et d’«atteinte grave à l'Algérie». Il a appelé carrément le président Hollande à présenter des excuses pour ses propos, tout en interpellant les autorités algériennes afin qu’elles «ne laissent pas passer une telle atteinte sous silence». De son côté, l'avocate Fatima Zohra Benbraham a considéré comme «très grave» le fait que le président français ait soulevé la question du retour de son ministre de l'Intérieur d'Algérie, rappelant par la même que la visite de ce dernier a été couronnée par la signature de plusieurs accords. Pour cette dernière, il faudra revoir la nature des relations bilatérales.
S. B.
 

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