FLN : la guerre ouverte entre Saïdani et Belayat déborde sur le terrain médiatique
La crise qui secoue la maison FLN déborde sur le terrain médiatique. Après un premier «round» judiciaire, remporté par Amar Saïdani et ses sponsors, la partie reprend de plus belle. Les deux ailes qui s’affrontent cruellement depuis l’été dernier investissent fortement l’espace médiatique. Communiqués par-ci, conférences de presse par-là, les deux camps se livrent une bataille d’une férocité qui n’a d’égale que l’ampleur de leur différend. Le groupe d’Abderrahmane Belayat, appuyé par le mouvement de redressement dirigé par Abdelkrim Abada et revigoré par l’idée de plus en plus accréditée que le président Bouteflika ne rempilera pas pour un quatrième mandat, persiste et signe. Pour lui, en effet, la désignation en août dernier d’Amar Saïdani comme secrétaire général du FLN est bel bien «illégitime» et «non conforme» aux dispositions du règlement intérieur. Loin de son attentisme d’il y a quelques mois, Belayat est passé cette fois-ci rapidement à l’offensive, afin de bousculer les positions adverses. Il enchaîne depuis plusieurs jours les réunions avec ses partisans et redouble d’agressivité médiatique : entretiens, déclarations publiques, communiqués et conférences de presse. Fort de quelque 200 signatures de membres du comité central soutenant sa démarche, l’ex-coordinateur du bureau politique ira jusqu’à déclarer aux médias que la destitution de Saïdani «est une question de jours». De plus en plus contestés, Amar Saïdani et son équipe se lancent dans une contre-offensive. Le patron contesté du FLN convoque en urgence une réunion du BP pour donner l’impression de contrôler le parti. Cette réunion à huis clos a été sanctionnée par un communiqué largement diffusé dans la presse, dans lequel les membres du BP ont affiché leur soutien au secrétaire général ainsi qu’à ses virulentes attaques contre des institutions républicaines, l’ANP et les services de sécurité. Cette guerre médiatique que se livrent Belayat et Saïdani se traduit par l’intense activité des cellules de communication des deux camps, qui inondent quotidiennement les médias par des communiqués et des revues de presse. Deux hommes sont à la pointe de cette terrible bataille médiatique : Kassa Aïssi, ancien chargé de la communication du côté de Belayat contre un certain Ali Hadid du côté de Saïdani. Ce dernier est souvent appuyé par le cacique Saïd Bouhedja auquel a été endossée la responsabilité de la communication au sein du nouveau BP. Les frondeurs ne s’arrêtent pas. Ils affûtent leur stratégie de communication sur la base de nouveaux moyens d’action à travers, notamment, les réseaux sociaux. Ils mettent en avant les textes régissant le parti pour démontrer l’illégitimité de l’actuelle direction et, par ricochet, attester de la solvabilité statutaire de l’ex-BP. Et l’équipe de Saïdani contre-attaque à travers la diffusion de la réponse du ministère de l’Intérieur par rapport aux changements issus de la session du comité central tenue le 29 août dernier et contesté par l’aile de Belayat et Ababa. «Le ministère de l’Intérieur a approuvé le bureau politique présidé par Amar Saïdani. Nous demandons à cet effet à tous les professionnels de la presse de se rapprocher de Saïd Bouhedja pour obtenir une copie de cette approbation. Et, désormais, les déclarations du groupe opposé à Amar Saïdani n’auront plus aucun sens et leur agitation sera sans effet», écrit l’équipe de Saïdani dans un courrier électronique adressé aux médias. Un courriel à travers lequel elle invite implicitement les journalistes à cesser de répercuter les déclarations de ses adversaires. Mais cette guerre médiatique est loin d’être finie. Elle ne cessera assurément pas avant qu’il y ait un vainqueur incontesté et incontestable.
Sonia B.
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