Université d’Alger 2 : les étudiants dénoncent une «fraude généralisée»

Les étudiants du département de français de l’université d’Alger 2, victimes, on s’en souvient, des conditions de passage douteuses au concours d’accès aux études doctorales, ont décidé de franchir un palier dans leur contestation contre ce qu’ils considèrent comme «de la fraude, de la corruption, du népotisme» et «l’impunité dont jouissent les auteurs de ces violations punies par la loi». Après avoir frappé à toutes les portes de la hiérarchie, en vain, ces étudiants ont décidé d’interpeller directement, publiquement et personnellement le ministre de l’Enseignement supérieur, sommé de se prononcer sur le sujet et, surtout, d’agir. «Des évènements extrêmement graves ont eu lieu courant décembre 2013 au département de français de l’université d’Alger 2 de Bouzaréah : le concours d’accès aux études de doctorat en socio-didactique a été entaché de fraudes, de corruption et de népotisme en tous genres», rappelle les protestataires par le biais d’un communiqué diffusé avec l’entête de l’Association algérienne de lutte contre la corruption. Ils réclament, par conséquent, «l’annulation de ces concours et la sanction des responsables de ce scandale sans précédent au département». Ils soutiennent que «l’impunité dont jouissaient les auteurs de ces violations punies par la loi – violations éclaboussant un espace de savoir et de recherche -, a facilité la culture de ces pratiques à grande échelle». Forts du soutien de leurs enseignants, ces étudiants indiquent avoir mené l’enquête «comme des professionnels impartiaux» et les résultats rendus publics sont, tonnent-ils, «irréfutables et accablants». Après enquête, les étudiants énumèrent les fraudes constatées dans les listes des lauréats aux concours affichées en l’absence du chef du département, en séjour en France depuis le 16 décembre, et de la doyenne. Pour eux, «le non-respect des procédures réglementaires de l’organisation des concours de doctorat révèle l’intention du comité de formation doctorale du département de favoriser des candidats recommandés, sans mérite, pour être promus lauréats». Ils évoquent, en effet, le traitement des dossiers de candidature de deux filles de responsables à l’université d’Alger 2 et de l’UFC d’Alger, l’absence d’avis dans la presse de la tenue du concours, les dossiers de candidature incomplets, l’incitation des candidats à déposer une décharge signifiant leur renoncement à des notes non rendues par un enseignant, le non-respect des procédures d’anonymat et d’étude des dossiers de candidature et l’absence des responsables des doctorats aux délibérations. Les étudiants, qui finissent par gagner une bataille, avec le limogeage de la doyenne de l’université et la démission de tout son staff, en signe de solidarité à son égard, ne renoncent pas à leurs revendications. Surtout qu’entretemps, les représailles contre les enseignants solidaires des étudiants commencent à pleuvoir. Fermeture de formations, suppression des primes de rendement, annulation des soutenances des candidats qui travaillent sous leur direction, refus de signer leurs bilans de recherche, refus de financer leurs colloques, etc. Si les étudiants ont décidé de ne pas baisser les bras dans leur mouvement, aujourd’hui ils affirment justement craindre «l’étouffement du scandale». Surtout que de l’autre côté, les enseignants proches de la doyenne «improvisent» un mouvement de soutien pour tenter de la maintenir à son poste.
Amine Sadek
 

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