L’heure n’est plus au statu quo

Animée d’une volonté de maintenir le statu quo et de produire opportunément des effets dissuasifs pour «un changement dans la continuité», l'élection présidentielle du 17 avril 2014 versera fatalement, comme à l’accoutumée, dans le mépris, l’abus et l’humiliation du peuple algérien. C’est pour cela que le Civic dénonce l’esprit particulièrement régressif de cette élection qui fait de la prorogation du mandat présidentiel toute une «doctrine de salut», grâce à la vassalité et une pratique tiers-mondiste d’une faune de galapiats sans scrupule, prompte à lever la main et baisser la voix. Cette élection est par essence totalement illusoire et même contre-productive, et le raisonnement salutaire est un peu trop court pour être honnête. C’est ainsi que pour éviter une dislocation comme celles que certains pays ont connues, les Algériens doivent être prêts à ravaler leur imaginaire fierté et à admettre l’idée d’une véritable transition pour le changement. Pour cela, il faudrait identifier les principaux protagonistes, démonter le mécanisme de leurs rapports et repérer les enjeux autour desquels ils s’affrontent. Résoudre la crise qui mène l’Algérie vers l’impasse suppose l’abolition de la dichotomie qui en est à l’origine entre un pouvoir réel non institutionnalisé et un pouvoir formel sans autorité politique. Il est temps que le détenteur de l’autorité soit connu et en assume pleinement les conséquences. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde pour dire qu’un nouveau contrat politique et social entre l’Etat et la société doit être conclu sur la base de la réappropriation des libertés fondamentales et individuelles et de construction de la démocratie. Pour cela, il est grand temps de rétablir la jonction avec les aspirations du mouvement national, cristallisées dans la proclamation du 1er novembre 1954 et consolidées politiquement le 20 août 1956 par la plate-forme de la Soummam, car elles constituent les seuls fondements des contrats, accords et traités conclus pour être respectés, et les seuls référents au questions de droit positifs : où est-ce qu’ils ont été négociés, écrits et consignés ? Entre quelles parties ? En vertu de quel mandat ? L’Armée nationale populaire se doit d’être la garante de ce nouveau pacte politique et social entre le pouvoir et la société, librement arbitré dans la transparence, rendu public, et doit faire connaître les mesures de son accompagnement afin de permettre aux différents courants qui traversent la société qu’ils transcendent leurs divergences et leurs sensibilités, en vue de s’unir dans un élan patriotique pour entrevoir, avec le peuple, la solution de sortie de ce cul-de-sac dans lequel notre pays a été mis en son corps défendant. C’est un défi que de rebâtir ce pays, les Algériens sont déterminés à se fixer un idéal commun qui sera le creuset au sein duquel se forgera la solution alternative, qui sera proposée au peuple algérien, pour sortir de cette ornière dans laquelle a été replacée l’Algérie depuis le retour, à la tête des institutions de l’Etat, des adeptes de la pensée unique et de l’appareil politique unique, déguisés en alliance de partis pour la circonstance. Nous devons encourager l’établissement de la démocratie, il faut pour cela relâcher le contrôle autoritaire et élargir le paysage politique afin de faire de la place pour que des mouvements sociaux et des groupes civiques puissent s’organiser et défendre leurs intérêts. Toutefois, pour que la démocratisation soit au travail, il faut que la culture politique de la démocratie soit présente, cette culture sous-entend la preuve de la légitimité de la démocratie, la tolérance à l‘égard des croyances et des préférences divergentes, une volonté de compromis avec les adversaires politiques, un certain niveau de confiance minimal entre les adversaires politiques, la civilité du discours politique et le désir de participer à la vie politique. Aux décideurs ultimes ainsi qu’aux hommes politiques, à qui nous disons qu’il ne suffit plus de s’indigner en aparté et de se taire, mais de se comporter en responsables épris de l’Algérie, de la justice sociale, des libertés et de la démocratie, de tout mettre en œuvre pour que nous puissions enfin sortir de l’impasse dans laquelle on se retrouve tous depuis trop longtemps.
Aussi, le Civic d'Oran dénonce avec la plus grande vigueur les atteintes et les exactions des services de sécurité contre de paisibles manifestants et journalistes de la fac centrale à Alger, qui affichaient leur droit de désapprouver le quatrième mandat de trop en ce 1er mars 2014. Le caractère agressif et répressif des services de sécurité contre un rassemblement pacifique, la violence qui enchaîne la liberté d'expression ainsi que les libertés individuelles et collectives doit être répudiée et condamnée, c'est une violence stupide, immorale et gratuite. Enfin, nous comprenons bien qu'il n'y a pas de voie facile vers la liberté et la démocratie. Nous savons bien que nul d'entre nous agissant seul ne peut obtenir de réussite. Nous devons donc agir ensemble comme un bloc uni pour la construction de l'Etat national, pour la naissance d'une nouvelle Algérie.
Libérons-nous de nos peurs et agissons en toute conscience.
Bengasmia Chadly, Civic d’Oran
 

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