Pourquoi l’Algérie ne sera pas un pays émergent

L’Algérie n’est pas un pays émergent, à l’image de ceux du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Cela n’est certes pas nouveau dans le monde économique actuel. Mais l’on pensait que cela restait un objectif à réaliser pour un pays dont le potentiel économique est immense. Mais en fin de compte, la réalité est que notre pays reste à la traîne des mouvements de croissance qui traversent les continents et ses résultats immédiats ne sont, visiblement, pas pour rassurer. Jugeons-en. La Compagnie française d’assurance-crédit à l’export (Coface) a élaboré un rapport consacré à l’émergence économique où l’Algérie n’est à aucun moment citée. Ni parmi les potentiels candidats à la catégorie des «pays émergents», ni même parmi les «candidats à la candidature». La raison de cette exclusion ? Elle est d’ordre purement économique, si l’on se réfère à l’analyse contenue dans le rapport de la Coface. En effet, les pays cités par la Coface partagent tous des performances économiques qui sont pour le moment loin d’être à la portée de l’économie algérienne, à savoir, entre autres, «une croissance accélérée et élevée (supérieure à 4 % en moyenne) et la part de l’export de matières premières dans le produit intérieur brut/PIB qui est inférieure à 40%». Dix pays dans le monde arrivent à réaliser ces performances, selon l’étude de la Coface, intitulée «Quels pays émergents prendront le relais du BRICS ?».
D’abord, les membres d’un nouveau groupe appelé les CIVETS (Colombie, Indonésie, Vietnam, Egypte, Turquie, Afrique du Sud), et ceux des PPICS pour Philippines, Pérou, Indonésie, Colombie, Sri Lanka, un groupe de cinq pays qui «accélèrent leur développement», selon la Coface. Cette dernière estime que ces dix «nouveaux émergents» vont progressivement remplacer les BRICS. D’une part, parce que «la croissance potentielle est accélérée et élevée (supérieure à 4% en moyenne)», que ces économies sont «relativement diversifiées (la part de l’export de matières premières dans le produit intérieur brut/PIB est inférieure à 40%)» et «résilientes aux chocs de croissance (la croissance a baissé de moins de dix points en 2009, sans être négative). D’autre part, les dix possèdent tous des capacités de financement suffisantes pour leur développement. En particulier, ils présentent un taux d’épargne d’au moins 10%, un seuil jugé indispensable pour soutenir l’investissement, ajoute la Coface. Ces conditions ne sont pas réunies par l’économie algérienne qui reste très largement dépendante des exportations d’hydrocarbures, puisque ces dernières représentent, bon an mal an, 98% du volume global, et des marchés extérieurs avec un chiffre très éloquent : près de 60 milliards de dollars d’importations en 2013. Chez les dix «nouveaux émergents», la croissance devrait se situer en moyenne à 6% cette année, selon les prévisions du responsable «Risque pays» chez la Coface, Julien Marcilly. A cet ensemble de nations d’Asie et d’Amérique latine, la Coface ajoute cinq autres «petits émergents», un Etat d’Asie, le Bangladesh, et quatre d’Afrique : Kenya, Tanzanie, Zambie et Ethiopie. Là également, aucune trace de l’Algérie. S’il est reconnu que notre pays renferme un potentiel économique explosif, il n’en demeure pas moins que les conditions pour un tel essor sont pour le moment insuffisantes, voire inexistantes.
Amine Sadek
 

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