Le moudjahid Daniel Ali Vérin à Bouteflika : «Vous êtes sous l’influence maléfique de vos courtisans»

Dans une lettre adressée au président Bouteflika à propos de la prochaine élection, le moudjahid Daniel Ali Vérin lui demande de ne pas s’acharner à briguer un quatrième mandat et d'écouter les voix des citoyens : «Leurs voix sont vraiment sincères et en votre faveur quand elles disent "quinze ans, ça suffit !"». «Monsieur le Président, suivez mon conseil de vieux. Ecoutez les voix des citoyens que votre police bâillonne en les mettant au fourgon.» Le moudjahid, qui s’exprime ainsi, est un ancien élément du MALG, le ministère de l’armement et des liaisons générales, ayant bien connu Bouteflika avant l’indépendance. Il dit, à ce titre, vouloir envoyer «une requête personnelle» à Bouteflika qui maintient sa décision de se représenter, encore une fois, après trois mandats consécutifs, «en dépit des pénibles évidences médicales, en dépit des angoisses de millions d'Algériens, en dépit des interventions aimables ou fortes d'anciens collègues ou de personnalités révolutionnaires bien connues, en dépit des moqueries des cercles diplomatiques du monde entier, en dépit de l'opinion publique mondiale totalement ahurie et, surtout, en dépit de la mémoire de nos chouhada, clairement sous l'influence maléfique de vos courtisans, vous vous acharnez à vous lancer dans le gouffre d'un quatrième mandat». Daniel Ali Vérin dit avoir avec Bouteflika «beaucoup de similarités», qui lui permettent de s'adresser à lui en ces termes : «Nous sommes tous deux citoyens algériens, vieux et malades. Nous avons tous deux contribué à la lutte de libération nationale durant notre jeunesse, poussés par notre ardeur patriotique. Nous nous sommes coudoyés plusieurs années à Oujda-ville et à la base Ben M'hidi, au temps où vous portiez le nom glorieux de Si Abdelkader», écrit Daniel Ali Vérin qui poursuit : «A partir de mon exil forcé, j'ai suivi avec orgueil national les exploits diplomatiques très significatifs réalisés par l'Algérie sous votre égide aux Affaires étrangères. J'ai admiré votre sagesse, votre intelligence et votre compréhension des besoins du peuple algérien, démontrées par votre courageuse décision de promouvoir la réconciliation nationale, en dépit des oppositions.» «Hélas !, regrette le moudjahid, les dérapages ont commencé à se manifester lors de votre décision de modifier la Constitution pour servir votre ambition personnelle pour un troisième terme qui s'est avéré désastreux.» Le moudjahid Daniel Ali Vérin est né à Alger en 1933 d'une famille française de souche. Il s'est intégré dans la société algérienne et a revendiqué son algérianité, ce qui l’a amené à désobéir à l'ordre d'appel du service militaire français et rallier le FLN, puis l'ALN. Il a ensuite rejoint les éléments d’Abdelhafid Boussouf au Maroc, puis le MALG en sa qualité de technicien dans la radio-télécommunication. A l'indépendance, Daniel Ali Vérin est envoyé aux Etats-Unis pour y poursuivre des études supérieures. Mais, en 1965, il se voit retirer son passeport par l'ambassade d'Algérie à Washington. Il ne lui sera remis qu'au début des années 90. Poursuivi par la France et abandonné par l'Algérie officielle, il obtient la nationalité américaine en 1969. Il obtient officiellement la nationalité algérienne en 2001 et en 2004, il est reconnu moudjahid.
Meriem Sassi

Commentaires

    Lahlou HADJI
    7 août 2016 - 9 h 51 min

    Alors Daniel, toujours sans
    Alors Daniel, toujours sans nouvelles de toi. J’espère que tout va bien, surtout en santé.
    A bientôt j’espère. Lahlou

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