Les perles de la présidentielle

Dans tous les pays, une élection présidentielle est un rendez-vous avec le peuple appelé à exercer sa souveraineté. Ce geste de légitimation donne lieu à des joutes politiques sur la scène publique. Meetings, débats radio et télé, interviews, sont une occasion pour des prétendants d’exposer leur philosophie politique, leur programme pour que le citoyen connaisse leurs appuis politiques et mesure leurs capacités intellectuelles.

Dans tous les pays, une élection présidentielle est un rendez-vous avec le peuple appelé à exercer sa souveraineté. Ce geste de légitimation donne lieu à des joutes politiques sur la scène publique. Meetings, débats radio et télé, interviews, sont une occasion pour des prétendants d’exposer leur philosophie politique, leur programme pour que le citoyen connaisse leurs appuis politiques et mesure leurs capacités intellectuelles.
Mais l’enjeu est tel qu’il fait perdre le nord aux prétendants au poste de chef d’Etat. Il leur faut affronter des choses qui se nichent dans les profondeurs de l’Histoire et dans l’âme de la société. Dans l’espace-temps tumultueux de l’Histoire où les victoires succèdent aux défaites, l’Histoire retient des mots, des phrases, des idées qui labourent le champ politique et culturel du pays. Hélas !, dans ce champ fleuri de l’Histoire, la beauté est parfois abîmée par la laideur, l’intelligence contrée par l’ignorance, le progrès secoué par le conservatisme. Toutes ces notions sont portées et colportées par des hommes et des femmes. Il y a ceux qui révèlent à cette occasion leur grandeur d’âme pendant que les autres trahissent leur désespérante et têtue conviction dans un monde, le leur, qui fait du surplace. Leur conservatisme accouche de mots et d’images. Ainsi, durant cette campagne électorale, on a «admiré» des «perles» qui font partie du lexique de certains politiciens. Hélas !, ces perles noires comme la couleur des ténèbres ont révélé la liberté que ces politiciens prennent avec la vérité et la culture. Les références par exemple à l’Américain Roosevelt et à l’Allemande Merkel sont pour le moins saugrenues. Mais ce qui se cache derrière ces exemples, c’est la persistance du vieux complexe du colonisé vis-à-vis de l’Occident dont, soit dit en passant, on consomme ses gadgets tout en rejetant avec mépris les idées d’émancipation, fruit de révolutions politiques et scientifiques, idées libératrices que l’on trouve chez la révolutionnaire Rosa Luxembourg et non chez la conservatrice Merkel, toutes deux femmes politiques allemandes.
Une autre perle dénote une faiblesse évidente des neurones de ces messieurs. Celle d’un ministre qui déclare que le président gouverne avec la tête et non avec les pieds. C’est précisément pour cette raison que les gens trouvent anormal qu’il se présente pour un 4e mandat. Car un AVC comme chacun le sait est une attaque contre le cerveau qui affaiblit physiquement et intellectuellement le malade.
Personne ne peut reprocher à quelqu’un de se mouvoir sur un fauteuil roulant. En revanche, toute maladie grave qui influe sur la mémoire et les neurones est incompatible avec les charges écrasantes de la direction d’un pays. C’est pourquoi les sociétés qui sont sorties de la monarchie de droit divin ont inscrit dans leur code électoral l’obligation d’un bulletin de santé. Dans l’histoire lointaine de France, on n’exposait pas un roi malade en train de mourir. On attendait que son héritier grandisse et soit capable de gouverner pour déclarer la mort du souverain et montrer en public son successeur solide comme un bœuf.
La troisième perle, grave moralement et politiquement, est celle qui a consisté à transformer des salles de meeting désespérément vides en foules enthousiastes par la seule magie de la propagande des médias en service commandé. Pour ne pas perdre la face devant une salle vide lors du dernier meeting dans la capitale, on fit appel comme d’habitude à la ruse, au mensonge. On annonça que le Président allait assister à ce grand rassemblement. La foule fut au rendez-vous, mais point de candidat. Normal, on ment au peuple pour le calmer comme ces parents ignares en psychologie de l’enfance. Mentir à un enfant pour avoir la paix un moment, c’est le préparer à alimenter la suspicion et même la guerre en permanence contre les parents le restant de sa vie. Enfin, et là c’est le pompon, attaquer un adversaire politique devant un ministre étranger lors d’une rencontre télévisée qui a fait le tour du monde a été un «exploit». Les téléspectateurs ont dû se pincer pour se convaincre qu’ils ne rêvaient pas. Cela est d’autant plus inadmissible que pendant 52 ans, le jour comme la nuit, on a matraqué le peuple avec la sentence suivante : lavons notre linge sale en famille. D’une certaine façon, cette perle présidentielle va clore le chapitre hypocrite de cette famille dite «révolutionnaire» qui étouffait les cris et obligeait les gens à rester confinés derrière la muraille d’un nationalisme chauvin. Mais cette campagne électorale nous a heureusement gratifiés d’analyses politiques d’une certaine teneur et d’une hauteur de vue, mais aussi d’un humour ravageur qui sommeillait chez les jeunes. La magie d’internet leur a permis d’occuper l’espace jusqu’ici interdit. Les blagues, les montages audiovisuels, les chansons sont de vraies perles qui grossiront au fur et à mesure. Face à ces perles d’humour, les blagues douteuses de «nos» ministres ne paraîtront que plus nulles et imbéciles.
Baki Hamouda, économiste
 

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