Le remaniement ministériel opéré par le président Bouteflika prend les allures d’un non-événement

La chaîne de télévision privée Ennahar TV a fait connaître la composition du nouveau gouvernement qui, selon des sources sûres, est, à l’identique, celle qui devait être donnée dans le communiqué de la Présidence qui vient juste de tomber. Il y a de quoi s’interroger sur ce déclassement des médias officiels (APS et télévision publique) qui, habituellement, ont la primeur de ce genre d’informations tenues strictement secrètes au point d’enlever toute crédibilité aux rumeurs qui accompagnent l’événement. Ce que la chaîne privée Ennahar TV a diffusé est non pas une rumeur mais l’information officielle. Le deuxième constat à faire est qu’après l’échec de la tentative de constituer un gouvernement de consensus élargi à des formations politiques de l’opposition, le remaniement qui vient d’être opéré dans la composition de l’Exécutif prend les allures d’un non-événement, voire un non-gouvernement. Aussi bien Saïdani que Belkhadem avaient annoncé de grands changements dans la constitution du gouvernement mais, finalement, la montagne a accouché d’une souris, si ce n’est l’énigmatique nomination de Hamid Grine au poste de ministre de la Communication. Il est inutile, dans l’immédiat, de chercher à interpréter la nouvelle composition du gouvernement mais, par contre, il apparaît clairement, que ce n’est pas avec cet Exécutif que pourront être menées les réformes annoncées durant la campagne électorale et confirmées dans les déclarations qui ont suivi la réélection du président Bouteflika à un quatrième mandat. Quelques premières observations peuvent être notées à la lecture de la liste donnée par Ennahar TV. Contrairement à ce qui était attendu, les postes de vice-ministre de la Défense nationale et de chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, occupés par Ahmed Gaïd-Salah, ne sont pas dissociés. Autre fait notable : le départ, sans doute à sa demande, de Karim Djoudi ; ce n’est pas une surprise, les raisons de santé y sont certainement pour quelque chose, mais il faut se demander aussi si sa lassitude n’a pas de lien avec la façon de gouverner ces dernières années et ce qui attend le gouvernement les mois prochains. Il est remplacé, visiblement au pied levé, par celui qui était son ministre délégué, chargé du Budget, Mohamed Djellab. Le ministre de l’Education n’a pas eu la longévité de son prédécesseur à ce poste, il y est resté à peine quelques mois, sans boucler l’année. Il est tout simplement remercié. Tout comme Khalida Toumi qui s’est investie comme si elle allait être éternelle à ce poste. Pour sa part, Youcef Yousfi n’aura plus à s’occuper du département des mines, transféré au ministère de l’Industrie confié à Abdesselam Bouchouareb. Le message délivré par l’électorat, qui n’a pas été enthousiaste ni pour voter ni pour donner ses suffrages au président Bouteflika, n’est pas traduit dans la composition de ce gouvernement.
Kamel Moulfi
 

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