Les trois raisons qui préfigurent un échec des consultations politiques ordonnées par Bouteflika

Tout indique que les consultations ordonnées par Abdelaziz Bouteflika pour le mois de juin prochain, sous la conduite de son directeur de cabinet, seront un échec. L’incapacité du président de la République à convaincre l’opposition de rallier le gouvernement et la réponse sèche et ferme de celle-ci à ses sollicitations, préludent à un «monologue» auquel seuls les partis et les organisations proches du pouvoir actuel prendront part pour lui donner un ersatz de crédibilité auprès de l’opinion publique. La tâche d’Ahmed Ouyahia s’annonce rude, voire infaisable. Et ce ne sont pas les raisons qui manquent pour cet insuccès annoncé. Le passage en force de Bouteflika pour un quatrième mandat, doublé d’une suffisance criante à l’égard de ses rivaux à l’élection présidentielle, a mis à nu une velléité d’hégémonie complète chez le Président et son proche entourage. Une attitude altière qui avait atteint son summum – entre autres – lors du dépôt des 60 000 signatures pour la validation de la candidature à la présidentielle au Conseil constitutionnel. Au lieu du nombre de formulaires requis, le clan présidentiel avait, se souvient-on, mobilisé plusieurs fourgons transportant, avait-on allégué, pas moins de quatre millions de «soutiens» pour le président-candidat. Un geste inapproprié et presque insultant que l’opposition n’est pas près d’oublier. La cérémonie de prestation de serment, boudée par les boycotteurs et les candidats à la présidentielle, Ali Benflis, Moussa Touati et Fawzi Rebaïne, a achevé de creuser le fossé entre le président Bouteflika et son entourage d’un côté, et l’opposition, de l'autre, concentrée sur la préparation de sa propre conférence pour une «transition démocratique». Une conférence qui se tiendra parallèlement aux consultations que devra entamer Ahmed Ouyahia le mois prochain. Autre raison qui préfigure la non-réussite de ces consultations : l’obsolescence des rencontres qu’avait conduites le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, après la fausse promesse de Bouteflika d’entamer des réformes politiques profondes, suite à l’embrasement qu’avaient connu plusieurs pays arabes, notamment la Tunisie et la Libye, à nos frontières est. Pris de panique, le pouvoir ultra-présidentiel s’était engagé à lâcher du lest et Bouteflika avait même laissé entendre qu’il n’allait pas se représenter pour un quatrième mandat. Mais le simulacre de consultations conduites par la commission Bensalah et le reniement par le Président de son engagement à remettre le flambeau et à ne pas remplier en avril 2014, n’ont fait que renforcer la méfiance de l’opposition qui ne croit plus à la possibilité d’un changement réel sous l’ère Bouteflika. Enfin, les rencontres qu’Ahmed Ouyahia se prépare à engager dans le cadre de cette nouvelle démarche d’association des différents courants aux discussions sur les réformes politiques et la révision constitutionnelle donnent l’impression de déjà-vu. D’aucuns sont convaincus que la nouvelle mouture de la Constitution est déjà amendée et qu’il ne reste à Bouteflika qu’une formalité d’usage – vote au Parlement ou référendum – pour lui conférer un sceau légal. Toutes les décisions politiques que prendra le président de la République, dans le cadre de son quatrième mandat contesté, pêcheront par un déficit de légitimité faute d’un consensus national auquel il appelle vainement.
M. Aït Amara

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