Des personnalités politiques et des médias privés qui ont soutenu le quatrième mandat se rebiffent

La façade d’unanimisme construite pour le quatrième mandat présidentiel de Bouteflika commence à présenter ses premières fissures à la veille du lancement des consultations autour de la révision constitutionnelle, et elles vont certainement continuer à s’approfondir sous l’effet des nouvelles données de l’après-17 avril. Certains «alliés» ont adopté une démarche qui s’apparente à un désengagement. Des chaînes de télévision privées qui se sont placées dans le camp des partisans de Bouteflika, et ont fait le forcing pour contribuer à son élection, changent de ton. Un des prétextes semble être la place des islamistes dans le «consensus». Amara Benyounès au nom du MPA dit ne pas être contre les islamistes, mais invoque la loi sur la réconciliation pour exiger que l’entrée dans la compétition politique leur soit fermée. Il est celui qui exprime de la façon la plus significative le changement qui s’opère dans le camp des partisans du quatrième mandat pour Bouteflika. Et on apprend qu’il demande maintenant des élections législatives anticipées, ce qui, évidemment, ne plaît ni au FLN ni au RND qui se sont partagé le gâteau parlementaire et comptent en profiter encore. En fait, c’est comme si chacun avait décidé de reprendre ses billes soit pour faire jeu à part pour les parties à venir, soit pour recommencer, mais avec l’intention, visiblement, de redéfinir les termes du contrat. D’ailleurs, personne ne connaît la teneur de ce contrat passé entre les alliés victorieux à l’élection du 17 avril. Mais si ses termes n’ont jamais été ouvertement dévoilés, tout le monde a pu deviner qu’ils portent sur une répartition de parcelles de pouvoir destinées, comme avant, à l’accaparement d’un quota de la rente à redistribuer ensuite entre les clientèles de chacun en fonction du poids de son influence. Les analyses, notamment celles publiées par Algeriepatriotique, sur ce qui s’est passé après les élections et particulièrement les réactions à la composition du nouveau gouvernement, ont fait ressortir les signes de déception que n’ont pas pu cacher les déclarations de dépit des dirigeants politiques qui espéraient une récompense en portefeuilles ministériels. Le vent n’a pas soufflé dans le sens de leurs attentes. Amar Saïdani a cru fermement, sans envisager le risque qu’il pourrait se tromper, et il l’avait dit et répété, que le gouvernement serait «politique» et naturellement à dominante FLN, qu’il s’évertue à décrire comme «la première force politique» du pays alors que les faits montrent que l’ex-parti unique avec ses alliés conjoncturels du RND, du MPA et de l’ANR, ainsi que toutes les organisations satellites, n’ont pas réussi à endiguer la vague de l’abstention et à mobiliser suffisamment d’électeurs pour donner une victoire massive et incontestable à Bouteflika. Saïdani est contraint maintenant de bercer d’illusions ses troupes en leur demandant d’attendre le prochain gouvernement. Quand on voit les nouvelles ambitions des autres, à l’image du MPA d’Amara Benyounès, on comprend que le FLN n’est pas au bout de ses déceptions et que rien ne pourra empêcher le mur du «consensus» créé avant le 17 avril de céder sous la pression des réalités de l’après-élection.
Kamel Moulfi
 

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