La lutte contre le terrorisme divise l’Algérie et la Turquie

La visite de deux jours qu’effectue en Algérie le président turc, Tayyip Erdogan, soulève bien des questions sur la nature des rapports entre les deux pays. La divergence fondamentale qui oppose l’Algérie à la Turquie sur la scène internationale se résume en une phrase qui traduit bien la contradiction entre leurs positions politiques : l’Algérie combat, par tous les moyens, le terrorisme alors que la Turquie aide, par divers moyens aussi, les groupes terroristes qui opèrent en Syrie. Les plus grands problèmes que connaît notre pays du fait de l’activité terroriste à ses frontières, la Turquie y contribue indirectement en alimentant le maillon qui agit en Syrie. Cela ne fait aucun doute qu’avec le Qatar et l’Arabie Saoudite, la Turquie, en soutien des pays occidentaux, a contribué à armer les groupes islamistes terroristes en Syrie par milliers de tonnes et à coups de milliards de dollars. L’aéroport d’Istanbul est le point de débarquement des mercenaires islamistes venus de toutes parts auxquels les autorités turques offrent un véritable boulevard aménagé qu’ils empruntent à la frontière nord de la Syrie pour s’infiltrer en territoire syrien, et, par milliers, aller grossir les rangs des groupes terroristes, y compris celui appelé Daech devenu la préoccupation n°1 des pays occidentaux, à leur tête les Etats-Unis. Cela peut paraître surprenant, cette divergence qui oppose l’Algérie à la Turquie, et qui en recouvre d’autres n’empêche pas les deux pays de bâtir des relations économiques qui permettent des échanges en constante progression. Les motivations de la Turquie sont faciles à deviner, elles sont liées à son commerce international, l'Algérie étant considérée comme une bonne passerelle vers les pays africains et maghrébins. Les opérateurs turcs se défendent de ne chercher que des opportunités commerciales en Algérie. Ils soutiennent qu’ils sont prêts également à investir et même à procéder à des transferts de technologies. Mais c’est plutôt la taille du marché de consommation que recèle l’Algérie qui les fait courir et les pousse à chercher, chez nous, des opportunités d’écouler les marchandises produites en Turquie qui ne trouvent pas de débouchés en Europe face à la concurrence chinoise, entre autres. C’est à l’Algérie de faire valoir fermement ses intérêts sur la base du principe de l’accompagnement des importations par des projets d’investissements. Pour le reste, l’Algérie ne fait pas de concessions sur les «constantes» qui guident sa politique étrangère, notamment sur les questions qui agitent la région du Maghreb et le Moyen-Orient. Dernièrement, le président de l'Assemblée du peuple syrien, Mohamed Jihad Lahlam, était en Algérie, pour trois jours, en visite de travail et d’amitié à l’invitation du président de l'Assemblée populaire nationale, Mohamed Larbi Ould Khelifa. C’est, de toute évidence, une façon de se démarquer de la démarche des pays hostiles à la Syrie et qui tentent de la déstabiliser, et parmi ces pays, il y a la Turquie. La divergence entre l’Algérie et la Turquie passe aussi par l’Egypte qui a souffert des tentatives d’ingérences de la part du régime islamiste d’Erdogan à travers le soutien accordé aux Frères musulmans. L’Algérie et l’Egypte ont des rapports privilégiés basés sur une lutte commune contre le terrorisme, mais aussi sur une volonté de développer de fortes relations économiques, comme le montre la signature, il y a quelques jours au Caire, d’une série d’accords et mémorandums d'entente. Les velléités d’Erdogan d’asseoir son leadership dans la région sont compromises par sa position pour le moins ambiguë qu’il s’obstine à afficher dans les conflits en cours en attisant les tendances à la violence et à la guerre et en n’hésitant pas à aider des groupes terroristes. Contrairement à l’Algérie qui s’efforce de faire valoir les solutions pacifiques par la négociation, tout en étant intransigeante dans la lutte contre le terrorisme.
Houari Achouri
 

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