L’Algérie effectue-t-elle des exercices de cyberdéfense pour prévenir des attaques ?
De nombreux pays mettent en place des dispositifs de défense contre des cyberattaques. En France, aux Etats-Unis et même en Chine, les armées s’entraînent pour repousser toute attaque cybernétique, de plus en plus envisageable dans un monde numérique qui avance à grande vitesse. Qu’en est-il en Algérie ? Notre pays s’entraîne-t-il pour faire face à une éventuelle cyberattaque ? L’Algérie œuvre-t-elle à la mise en place d’une cyberdéfense, qui devient une nécessité pour contrer une possible attaque massive qui rendrait inopérants des millions de sites internet, dont ceux d’institutions sensibles comme les centres de gestion des moyens de télécommunications ? Dans la cyberguerre, il n’y a bien entendu ni terroristes encagoulés tapis dans l’ombre ni missiles expédiés en salve depuis un bâtiment de marine. La cyberattaque, telle que décrite par les spécialistes, vise la technologie de cryptage, qui est utilisée par la majorité des serveurs internet. L’Algérie fait partie des pays les plus vulnérables en matière de sécurité informatique. Selon le dernier rapport annuel de Symantec, l’Algérie se trouve à la cinquième place des pays africains les plus exposés au risque de sécurité sur Internet. Elle surclasse certes de grands pays comme l’Afrique du Sud et l’Egypte. Mais elle reste autant vulnérable que d’autres Etats comme le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Cameroun ou encore le Nigeria et la Mauritanie, indique ce rapport analysant le risque sécuritaire sur Internet durant l’année 2012. Dans le même document, il est fait état du classement mondial de l’Algérie, passant de la 13e place en 2011 à la 61e place en 2012. Cette légère amélioration s’explique en partie par l’utilisation non massive de l’internet et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les principales cibles des cybercriminels sont les entreprises de taille moyenne. Le rapport de Symantec, leader mondial dans le développement des solutions de sécurité et de protection contre les attaques sur Internet, précise que les sociétés de plus de 250 salariés sont les plus menacées. Le nombre d’attaques ciblant ce type d’entreprises a triplé de 2011 à 2012. Une augmentation qui est directement liée à leurs activités lucratives. Les cybercriminels visent également les chaînes logistiques et les écosystèmes de sous-traitants pour accéder aux informations sensibles des grandes entreprises et à une propriété intellectuelle à forte valeur. Depuis 2012, les attaques sur mobile ont augmenté de 58%. Plus de la moitié de ces attaques (32%) visent à collecter des données telles que des adresses électroniques et des numéros de téléphone. Pour les experts, l’approche choisie par le gouvernement algérien est «dangereuse», car elle maintient le pays dans sa vulnérabilité face aux cyberattaques aux conséquences économiques qui peuvent être désastreuses. Des experts algériens avaient mis en garde, en 2013, contre cette approche qu’ils qualifient de «défensive», appelant les pouvoirs publics à passer à l’offensive à travers la mise en place d’un collège d’experts pour élaborer une stratégie de lutte contre de telles attaques. Selon eux, l'approche «offensive» consiste en la création de cercles d'experts en la matière, en sensibilisant et en alertant les différents organismes dès l'apparition d'une nouvelle menace ou d'un nouveau virus. D’autant que l'Algérie avait déployé des efforts pour lutter contre le terrorisme en promulguant des lois qui n'existaient pas avant 1990.
Sonia Baker