Affaire des moines : le feuilleton a commencé en 1976 à Alger

Si les journalistes français s’acharnent dans l’affaire des moines de Tibhirine, c’est parce que le lobby sioniste et les nostalgiques de l’Algérie française manipulent les médias et les magistrats en France. Ainsi, dans l’affaire de l’assassinat des moines, nous trouvons le colonel Roger, manipulateur et «officier traitant» d’un inculte appelé Djamel Zitouni, qui a orchestré le pseudo-enlèvement du personnel de l’ambassade de France, libéré sain et sauf plus tard, et l’assassinat des moines. La preuve solide qui disculpe la participation de l’armée algérienne ou le DRS est le nombre des moines assassinés : sept, alors qu’ils étaient huit. Les services de sécurité savaient cela : alors, comment enlever sept et abandonner le huitième qui serait un témoin gênant ? Le groupe de Zitouni arrive, pénètre au monastère, réveille les moines qui se trouvaient groupés dans une chambre et repart avec ; les terroristes ne savaient pas que les moines étaient huit, autrement, ils auraient recherché le huitième. Il faut retourner en 1976 à Alger, pour retrouver le colonel Roger ; son histoire est la suivante : en 1976, le terrorisme à la bombe surgira de l’étranger. Les services algériens faisaient face à de redoutables agents étrangers et collabos qui tentaient de déstabiliser l’Algérie par la pose de bombes. En notre âme et conscience, nous relatons les faits, tels qui se sont déroulés en ce mois de janvier 1976. Cette soirée du 3 janvier, vers 21h45, en plein centre d’Alger, une explosion déchire le silence qui régnait dans l’entrée de l’immeuble qui abrite les locaux du quotidien national El Moudjahid, sis au 20, rue de la Liberté. Rapidement les pompiers se rendent sur les lieux, suivis par des éléments de la police, du commissariat du quartier, qui, sans peine, déterminent l’origine de cette explosion. La Sécurité militaire est appelée. «Il s’agit bien d’un acte terroriste et l’explosion est provoquée par une bombe déposée par une main criminelle dans la niche du compteur d’eau.» L’information sera classée dans un premier temps «top secret» pour faciliter le déroulement de l’enquête. L’APS, l’agence officielle d’information, parle d’un accident dû à une accumulation de gaz. Trois jours après, les éléments des services de sécurité arrêtent un groupe d’agents étrangers et collabos, liés directement à des services spéciaux étrangers : Tadesco Ignaso, Roméo Bertin et Haroun Mohamed. Ils n’en étaient pas à leur premier crime. Voici leurs opérations antécédentes : 14 décembre 1973 : attentats terroristes contre le consulat général d’Algérie à Marseille ; le 3 février 1975 : pose de bombes au siège de la représentation d’Air Algérie à Lyon ; le 26 juillet 1975, pose de bombes dans les locaux de l’Amicale des Algériens en Europe de Paris, Roubaix et Lyon ; le 18 août 1975 : pose de bombes aux sièges des ambassades d’Algérie à Rome, Londres et Bonn ; le 3 novembre 1975 : pose de bombe au consulat d’Algérie à Nice (France). Arrêtés, les auteurs affirment être membres d’une organisation clandestine : SOA (Soldat de l’opposition algérienne). La genèse des faits remonte au 18 décembre 1975, lorsque le nommé Rousseaux Claude Pascal, de nationalité française, débarque à Alger à l’aéroport de Dar El-Beida en provenance de Marseille. Les formalités de police se passent apparemment sans difficulté. De l’aéroport même, Rousseaux téléphone à ses responsables en France pour leur communiquer que tout allait comme prévu. Il prend un taxi et s’installe à l’hôtel de Genève, rue Abane Ramdane, à Alger-centre ; il attend l’arrivée des autres agents. Douze jours après, le 30 décembre, deux Italiens, Tedesco Ignasco et Bertin Aureolio, débarquent au port d’Alger, en provenance de Madrid via Palma de Majorque avec un véhicule de marque Seat immatriculé en Espagne sous le numéro M768401. Ils quittent le port et s’installent à Alger-centre. Le lendemain, 31 décembre 1975, ils prennent contact avec Rousseaux au drugstore de la rue Didouche-Mourad, après avoir échangé le mot de passe et deux moitiés d’un même billet de dix francs français. Les trois agents conviennent de se rencontrer à nouveau le 2 janvier 1976, dans un lieu isolé de la ville d’Alger. Rousseaux reçoit un colis contenant huit bombes et des documents qui avaient été acheminés dans une cache à bord du véhicule Seat, que les douaniers n’avaient pas découvert. Bertin et Tedesco contactent par téléphone un certain Laurent Jean à Madrid pour l’informer de la bonne marche de la première étape de la mission. Durant la soirée du même jour, les trois agents étrangers se retrouvent à nouveau. Bertin, un spécialiste des explosifs, explique le fonctionnement du système de mise à feu des bombes conçues selon une technique de pointe propre aux services secrets. Rousseaux entre en contact, dans la journée du 3 janvier 1976, avec Chahmi Amrane et Haroun Mohamed auxquels il explique la mise à feu des bombes. Pourquoi Chahmi et Haroun ? Tout simplement parce que deux Algériens peuvent passer inaperçus. Rousseaux est arrêté le 3 janvier, ainsi que Daniel Paul Danielo, de nationalité française, lequel était chargé de financer les membres du réseau qui devaient opérer à Alger. Rousseaux, lors de son interrogatoire, a déclaré : «La préparation de cette mission qui devait être une action d’éclat a commencé lors de mon recrutement à Paris, en 1973, par l’officier Benêt Jacques, officier des services spéciaux français exerçant sous couverture à la Direction du plan, au boulevard de la Madeleine à Paris. Après une période de mise au point de formation et de contrôle, un salaire mensuel de 36 000 fr m’a été attribué, non compris les primes qui s’ajouteront. On m’a mis en contact avec Noël Kaâouane, j’ai exécuté alors l’attentat contre le consulat général d’Algérie à Marseille le 29 décembre 1973, puis j’ai participé avec mon organisation à la pose des bombes à la représentation d’Air Algérie à Lyon le 3 février 1975 et contre les locaux de l’Amicale des Algériens en Europe à Paris, Lyon et Roubaix le 26 juillet 1975, et contre les ambassades d’Algérie à Londres, Bonn et Rome, le 18 août 1975. J’ai moi-même déposé la bombe à l’ambassade algérienne à Bonn. Juste après, j’ai franchi la frontière allemande, et je me suis rendu en RDA, à Berlin-Est, le mois de septembre 1975. Puis, j’ai été envoyé à Toulon sur ordre de l’officier traitant Benêt. J’ai été pris en charge par un certain Joseph Ortiz, ancien membre de l’OAS et agent du Mossad, et en octobre 1975, j’ai assisté à une réunion avec Joseph Ortiz, Kaâouane et Eugène Ibanes, ainsi que d’autres personnes, tous étaient des anciens de l’OAS et agents des services spéciaux comme Rousseaux René et le colonel Roger (René qui est parfois agent immobilier à Brignoles dans le Var, parfois propriétaire agriculteur dans le Gard, est en réalité un cadre des services spéciaux et l’un des hommes clés des opérations menées contre les Algériens et l’Algérie.» Le colonel Roger, connu pour son appartenance au SDECE, avait piteusement échoué dans l’envoi en Algérie d’agents de renseignements (espions) recrutés et formés en France (le colonel Roger, on le verra plus tard dans l’affaire des moines de Tibhirine ; il a débarqué en Algérie pour orienter le terroriste Djamel Zitouni, chef du GIA). Rousseaux Claude Pascal ajoute dans sa déposition : «Au cours de cette réunion, il a été décidé de créer une nouvelle organisation à partir de la fusion des anciens de l’OAS et du SOA, qui devait prendre le nom de l’ALP, Armée de la libération populaire. Le recrutement au sein de cette organisation répondait à certains critères. Il fallait être ex-harki, fils de harki, ancien collabo (traître), fils d’ancien collabo, pied-noir, colon, nostalgique de l’Algérie française, juif raciste et sioniste.» Bertin et Tedesco, arrêtés en flagrant délit, n’ont pas nié qu’ils fussent détenteurs de vraies fausses pièces d’identité. Ainsi, Bertin Aurelo se nomme en réalité Grégorie Villagran Anderson, né le 28 juillet 1937 à Ascension, au Paraguay, de nationalité paraguayenne. Il détenait un passeport guatémaltèque au nom de Pais Ochoa Ricardo, né le 28 juillet 1937 au Guatemala, fils de José Maria et de Maria Louisa, et domicilié à Madrid. Il a exercé avec le consul général du Guatemala à Ottawa (Canada), où il a eu pour mission de s’occuper de l’émigration aux Etats-Unis. Il avait été recruté à Laurent Jean, à Madrid, par une Américaine nommée Gilles Maxwell, employée dans une agence immobilière, laquelle agence est dirigée par un ancien colonel de l’aviation américaine. C’était en réalité une antenne de la CIA. Tedesco Ignazio se nomme en réalité Xavier Lecumberi Martinez, né le 8 juin 1941 à Marseille, fils d’Antoine et de Juliette Martinez. Il avait séjourné auparavant, pendant plusieurs années, notamment à Bab El-Oued, Alger, au 8, avenue de la Mairie, avant d’émigrer en Espagne, à Alicante, Calle Batala 2 Utumba. Bertin, alias Pais Ochoa, qui a servi depuis 1958 dans plusieurs services spéciaux, reconnaît avoir déposé la bombe qui a explosé le 18 août 1978 à l’ambassade d’Algérie à Londres. Et c’est Laurent Jean, alias Gusto, qui en Espagne avait remis les huit bombes et les nouveaux systèmes de mise à feu aux auteurs qu’il avait eu la charge de former. Quant à Martinez Lucumberie, son rôle s’est limité à faire exploser la bombe du siège du quotidien d’information El Moudjahid à Alger. Qui est Kaâouane ? Noël Kaâouane, d’origine algérienne et de nationalité française, né en 1930, quitta l’Algérie en 1942 pour rejoindre son frère installé en France. Recruté par les services spéciaux français, il fut chargé d’infiltrer la fédération FLN de France, avec pour mission de repérer les responsables FLN, et les militants français qui avaient prêté assistance au FLN, les porteurs de valises ou le réseau du professeur Francis Janson, appelé aussi le réseau des prêtres. Démasqué par la sécurité du FLN, il fera l’objet d’une condamnation à mort. Depuis son exécution ratée, le 20 août 1958, il est resté au service de ses employeurs. En 1963, sur ordre de ses employeurs, il crée un pseudo-mouvement inspiré des idées anarchiques et destiné en réalité à perpétuer le néo-colonialisme en Algérie. Kaâouane retourna en Algérie en 1965, il est chargé d’installer un nouveau mouvement. Mais dès son arrivée, il est arrêté, il reconnaît alors avoir été recruté et manipulé par le colonel Fourcaud, élément connu des services spéciaux dont le nom a été cité dans cette affaire. A sa libération, Kaâouane rejoint la France, il lui arrive de séjourner au Portugal aussi. En 1970, il publie en France un livre dont le titre est en lui-même un aveu : Reconstruire l’Occident, ouvrage préfacé par Georges Bidault. Dans le courant du mois d’octobre 1973, Kaâouane crée, toujours sous les ordres du même employeur, un nouveau mouvement du nom de SOA, abattant ainsi ses cartes et clarifiant aussi publiquement sa position. Ce mouvement s’attaque aux représentations et aux travailleurs algériens en France et en Europe. En 1975, les services secrets d’outre-Méditerranée ont imaginé l’histoire de la disparition de Noël Kaâouane entre la Suisse (Lausanne) et la France (Paris). Cette nouvelle avait été propagée par l’AFP, plus exactement par le journaliste Caccille Gilles. Durant ces années soixante-dix, les émigrés algériens, échangés avec les coopérants techniques français en Algérie, n’avaient jamais réagi violemment en France ou en Algérie, ni ne s’adonnaient à des activités politiciennes ou terroristes, malgré le regroupement et le confinement de ces populations dans de vrais ghettos. Les agents spéciaux du Mossad, sous fausse couverture et fausse identité de prêcheurs musulmans, d’imams et même de muphtis à Paris comme à Londres et même à Alger, entraînaient les jeunes musulmans, incultes et ignorants, pour ce qu’ils appellent le djihad. Or, Israël comprend très bien que l’unique djihad chez les musulmans à notre époque demeure la libération d’Al-Qods, Jérusalem, occupée depuis 1967. C’est pourquoi l’objectif des sionistes est de porter atteinte à l’islam et aux musulmans ! Pourtant, après l’indépendance de l’Algérie, il n’existe aucune trace d’une criminalité terroriste issue de l’émigration maghrébine. Même «le ghetto» de Marseille n’a pas versé dans la radicalisation religieuse, pendant que les nostalgiques de l’Algérie française et le Front national attaquaient les Algériens de France.
Cheikh Hamdane
 

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