Mokri à Soltani : «Rentre dans le rang ou je te traduis devant le Conseil de discipline !»

La tension monte entre Abderrazak Mokri et Bouguerra Soltani. Le premier responsable du Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’a pas digéré la sortie médiatique de l’ex-président de ce même parti qui traverse une zone de turbulences. Abderrazak Mokri a été particulièrement agacé par les déclarations de Soltani sur la fameuse rencontre entre une délégation du MSP et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Bouguerra Soltani assurait qu’il était à l’origine de cette rencontre car «il est impératif que le MSP dialogue avec le pouvoir». Le président du MSP, déjà vivement critiqué par ses partenaires de l’opposition pour avoir accepté de prendre langue avec la Présidence, a rappelé à l’ordre Soltani. Mais ce dernier a refusé d’obtempérer. Pour faire taire définitivement l’ex-président du MSP, Abderrazak Mokri brandit la menace de le traduire devant le Conseil de discipline, a-t-on appris d’une source proche de cette formation islamiste, rattachée à la confrérie égyptienne des Frères musulmans. Notre source assure que le message a été transmis indirectement à Bouguerra Soltani. Selon notre source, l’ex-président du MSP ne compte pas se taire, arguant que la liberté d’expression et d’opinion est consacrée au sein du MSP. Partisan du retour progressif au pouvoir dans le cadre d’une coalition gouvernementale, Bouguerra Soltani s’est plusieurs fois distingué par des positions pas totalement calquées sur celle de la direction nationale du parti. A titre indicatif, l’ex-président du MSP a voulu participer aux consultations sur la révision constitutionnelle menées en juillet 2014 par Ahmed Ouyahia. Il a également critiqué l’attitude «radicale» de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique dans laquelle siège son parti, le MSP. Contrairement à Abderrazak Mokri, Bouguerra Soltani estime que l’opposition doit dialoguer avec le pouvoir sans aucun préalable, considérant que les partis de l’opposition sont «trop faibles» et «pas assez structurés» pour pouvoir inverser le rapport de force en leur faveur. Les propos de Soltani n’ont fait que rappeler à ceux qui l’auraient oublié la vraie nature du MSP, un parti entriste, qui a flirté avec le pouvoir depuis son existence et qui a accompagné le président Bouteflika durant ses trois premiers mandats. Et Abderrazak Mokri qui tente, après sa rencontre avec Ouyahia, de rassurer ses partenaires de l’opposition, ne trouve pas à son goût l’immixtion de Soltani dans les affaires publiques du parti. En le rappelant «sèchement» à l’ordre, Mokri espérait faire taire à jamais son principal adversaire au sein du parti. Mais Soltani, qui aspire à reprendre les rênes du MSP, refuse de capituler. La guerre bat son plein entre les deux hommes. Qui aura le dernier mot ?
Rafik Meddour

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