Une réflexion de Daniel-Youssof Leclercq – Les musulmans ne manquent pas de beaux parleurs

La communauté musulmane, sous toutes les latitudes, ne manque pas de beaux parleurs, selon l’expression consacrée. De la recommandation du hijab ou du niqab, de l’observation du halal des aliments ou du hilal de Ramadan, de l’islamophobie abusive à l’antisémitisme excessif, du mariage pour tous à la polygamie pour personne, de l'islamisation pour endiguer la laïcisation de l’espace public, du mythe de l’identité nationale à la réalité de la multiculture, du gangstérisme professionnel au djihad amateur, de l’occupation illégitime de la Palestine aux exactions envers les juifs, des excommunications réciproques entre chiites et sunnites, des prétendus pays musulmans au supposé Etat Islamique, des conflits armés en Irak, en Syrie, au Yémen, en Afghanistan, au Mali, en Somalie, au Soudan, au Nigeria, en Libye, au Cachemire, en Birmanie et de l’accueil des réfugiés de l’Océan indien ou de la Méditerranée, les sujets ne manquent pas pour briller en public, que ce soit sur les minbars des mosquées ou sur les tribunes des salons de bourges ou du Bourget.
Comme les chanteurs à minettes en d’autres lieux, la plupart des prêcheurs et autres conférenciers musulmans se contentent de se pavaner devant des auditoires acquis à leur cause, et peu critiques puisque peu exigeants. Si en théorie, les cheikhs machin, les docteurs truc et autres recteurs bazar – titres pompeux qui n’avaient pas cours au temps du Saint Prophète (QSSL), ceci dit en passant – continuent à faire illusion intra-muros en débitant des généralités tellement malavisées qu’elles poussent des Femen à se dépoitrailler en représailles ; en pratique, ils sont bien incapables de résoudre le moindre problème sur le terrain. Leur étalage de «science» dans les salons ou sur les réseaux sociaux, contrairement aux études de marché, à la planification et à la gestion de projets – en bref aux actions concrètes – ne fait que camoufler leur impuissance à résoudre les difficultés rencontrées par leurs ouailles dans la vraie vie.
Il y a incontestablement plus de monde pour parler de l’humanitaire et des dévastations militaires que pour agir concrètement dans les zones sinistrées. Quelles que soient la nature et l’ampleur des contributions, aussi bien financières que logistiques, celles-ci doivent cependant être saluées et encouragées. Néanmoins, nombreux sont les «commentateurs» confortablement engoncés dans leurs fauteuils devant leur télé à penser être dédouanés en versant royalement quelques dizaines d’euros, tout en se bornant à s’indigner des insuffisances de ceux qui pourvoient plus abondamment qu’eux aux carences de leurs semblables. En ce qui concerne le traitement des réfugiés, il faut être réaliste : les musulmans sont loin d’être à la hauteur de la situation tant en ce qui concerne les nations qu’au niveau individuel. En les encourageant à s’expatrier en Occident sans jamais proposer de les accueillir physiquement dans leurs foyers, on est plus proche du «viens chez moi j’habite chez une copine» que de «j'adopteunmigrant.com».
Les seuls à mériter des éloges sont ceux qui prennent à bras le corps les difficultés des autres en sacrifiant leur temps, leur confort et leur argent pour tenter d’alléger leurs malheurs autant que faire se peut. Le tableau d’honneur ira donc aux bénévoles en tous genres des diverses organisations humanitaires qui, parfois au péril de leur vie, soulagent les populations sinistrées sur place en leur apportant le réconfort, la sécurité et les soins dont ils ont besoin. On exclura bien évidemment de cet hommage tous ceux qui ne font que profiter de la naïveté et de la détresse matérielle ou psychologique des plus démunis, pour leur faire avaler des couleuvres ou leur imposer des us et coutumes contraires à leurs convictions.
On est assez loin de l’idéal islamique qui consiste à partager inconditionnellement l’affliction de ses frères et à fraterniser véritablement. Tout un chacun, moi y compris, a évidemment suffisamment de bonnes raisons de ne pas être en situation d’accueillir toute la misère du monde et on ne saurait en faire grief à quiconque. Mais de grâce, arrêtons les faux semblants et les beaux discours destinés à se donner bonne conscience en prétextant que si on le pouvait on le ferait, juré craché ! C’est tellement plus simple d’éteindre sa télé aux heures des repas, pour ne pas risquer d’avoir l’appétit coupé par la détresse humaine. Et, de toute façon, comme c’est très impoli de parler la bouche pleine, il sera bien temps d’en reparler après le dessert…
Daniel-Youssof Leclercq

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