Mouloud Hamrouche : «Le pouvoir ne sait plus comment gérer la crise qui secoue l’Algérie»

Mouloud Hamouche a exprimé ses vives inquiétudes quant à la situation d'impasse dans laquelle se trouve le pays. De Batna où il a animé une conférence-débat, l’ancien chef du gouvernement estime que l'Algérie fait face à une «crise beaucoup plus grave qu'on l’imagine». Mouloud Hamouche considère que «le changement des hommes est aujourd'hui le plus grand danger pour la stabilité». Il explique que les tenants du pouvoir procèdent aux changements des hommes uniquement dans le but de préserver leurs intérêts. Autrement dit, les changements opérés par-ci et par-là sont faits dans le but de garantir les intérêts de ceux qui les nomment. Il fait le constat d'un refus du pouvoir d'aller vers le règlement de la crise. Un pouvoir qui va à se perte, selon le conférencier, car le système politique «ne sait plus comment régler la crise multidimensionnelle qui secoue l'Algérie». L'Algérie, décrite par Hamrouche, est un pays qui périclite. Un pays qui plonge dans une situation caractérisée par «l'instabilité et le dénigrement des hommes». Mouloud Hamrouche, qui a refusé de parler des personnes, considère que la persistance de la crise constitue une sérieuse menace à l'Etat-nation et attise le sentiment régionaliste. L'aggravation de cette crise va, selon lui, provoquer une sorte de repli identitaire. Il estime que l’Algérie a, aujourd’hui, besoin d’une «entente de toutes les composantes de la société» pour redonner la volonté d’impulser à nouveau sa construction. Mouloud Hamrouche a lancé un message à «tous ceux qui aspirent à la stabilité et à la réémergence de la volonté de construire un Etat algérien fort», appelant à réformer le système «malgré ses défauts». Pour lui, c'est la meilleure chose qu'on puisse faire à l'heure actuelle. Le conférencier a également appelé à éloigner l'armée des luttes des «parties» qui composent le pouvoir. Pour lui, l'armée doit être au service de l'Etat et non pas du pouvoir ou du gouvernement. L’ancien chef du gouvernement a refusé de commenter la dernière lettre du général de corps d'armée Mohamed Mediene. Mais il a, en revanche, soutenu la sortie de l'avocat du général Hassan, Mokrane Aït Larbi, en considérant que l'inculpé mérite bien l'immunité. Pour Hamrouche, il est impératif que les droits du général Hassan soient préservés. L'orateur a, par ailleurs, critiqué les dernières dispositions de la loi de finances, estimant qu'elles n'apportent aucune solution à la grave crise économique qui va fragiliser encore davantage l'Etat. Pour lui, l’enjeu, aujourd’hui, est de se servir de la crise pour transformer les faiblesses en forces et de savoir se servir des problèmes en suspens pour mettre en place des «instruments efficaces». «Nous sommes présentement devant une problématique liée aux règles de gouvernance et de contrôle, et non devant la question de savoir qui gouverne et qui a ou n’a pas le droit de gouverner», a-t-il insisté.
Rafik Meddour

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