Deux millions de tonnes de carburants partis dans la contrebande

Le PDG de Naftal tire la sonnette d’alarme. La contrebande des carburants fait saigner le pays. S’exprimant aujourd’hui au forum d’El-Moudjahid, Hocine Rizou, a affirmé que «la contrebande des carburants, tous types confondus, fait perdre à l’Algérie 2 millions de tonnes de ces produits par an». Ces deux millions de tonnes représentent près d’un septième de la quantité distribuée par an. Selon le conférencier, Naftal a bel et bien distribué, en 2014, 14 millions de tonnes. En 2015, la quantité distribuée, tous types de carburant, va atteindre 15 millions de tonnes. Le coût est donc exorbitant, surtout lorsque l’on sait que l’Algérie importe pour 5 milliards de dollars de gasoils. Un litre de gasoil coûte, selon une étude du Conseil national économique et social, 1 dollar à l’importation. L’Etat le revend à 0,1 dollar. Ce qui stimule cette contrebande du carburant qui profite à des pays importateurs comme le Maroc et la Tunisie et aux réseaux maffieux qui infestent le Sahel. Cette contrebande, faut-il le souligner, pénalise grandement les populations des zones frontalières en ce sens que le carburant se fait souvent très rare dans les stations Naftal. Pour lutter contre ce phénomène, le plafonnement de l’approvisionnement en carburants, mis en place dans les zones frontalières du pays en 2013, a été «utile» dans la mesure où il a permis la réduction de la contrebande. Selon M. Rizou, la contrebande dans la région ouest «est légèrement plus importante» par rapport aux autres régions du pays. Car la demande en carburant est plus importante au Maroc que dans les autres pays frontaliers. Le P-DG Naftal affirme qu’il y a une réflexion sur une possible implantation de stations-service, cette filiale de Sonatrach, dans des pays voisins pour juguler ce phénomène. «Des gens transportent illégalement notre carburant vers les pays voisins. Il nous serait donc plus profitable d'être présents dans ces pays», a-t-il soutenu, affirmant qu’il n’est pas exclu que des stations-service soient installées dans les pays du Sahel, en plus de celles qui pourraient être implantées dans les pays du Maghreb. Rizou a relevé le fait que des propositions ont été faites à Naftal par des pays comme le Bénin et la Tanzanie. Interrogé sur l’augmentation des taxes sur les carburants prévue dans la loi de finances 2016, Rizou s’est contenté d’affirmer qu’il n’était pas de son ressort. «Le projet de loi de finances 2016 est actuellement au niveau du Conseil de la nation, et nous attendons, comme tout le monde, la suite des événements», a-t-il avancé. «Mais en tant que citoyen, je ne vois aucun inconvénient à ce que les prix soient revus à la hausse. Les prix du carburant sont les seuls à ne pas avoir été augmentés au cours des dix dernières années», a-t-il souligné.
Rafik Meddour

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