Laurent Fabius annonce fièrement la tenue de la COP22 chez ses «amis» producteurs de haschisch

Les «amis» marocains de Laurent Fabius organiseront l’an prochain la COP22. Ce rappel fait par le ministre français des Affaires étrangères, hier au Bourget, à Paris, avant la séance de clôture de la COP21, devant les négociateurs des 196 pays présents à cette conférence, a reçu un accueil froid de la salle, alors que moins d’une minute avant, les délégués avaient ovationné le nom du Pérou (où s’est tenue la précédente COP, la 20), évoqué par Fabius. Ce contraste n’est pas fortuit. Personne n’ignore le comportement du Maroc à l’égard du Sahara Occidental, qu’il maintient comme dernière colonie en Afrique. Cette situation est remontée dans l’actualité avec l’affaire qui oppose actuellement l’Union européenne au Maroc et dont les échos n’ont sans doute pas manqué de parvenir aux délégations de la COP21. Comme l’a rapporté notre site, le 10 décembre, la huitième chambre au sein de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a annulé le protocole de libéralisation entre le Maroc et l’UE des échanges en matière de produits agricoles, de produits agricoles transformés, de poissons et de produits de la pêche, conclu en 2012. En clair, par cette décision, la CJUE reconnaît que le Sahara Occidental est sous domination coloniale du Maroc. Elle demande donc au conseil de l’UE de ne pas inclure dans l’accord les ressources qui appartiennent au Sahara Occidental. C’est suite à une requête du Front Polisario que la CJUE a demandé à l’UE d’annuler cet accord et a implicitement considéré qu’il conduisait à une forme de pillage des ressources du Sahara Occidental, puisqu’il ne présente pas, selon la CJUE, les garanties nécessaires pour que les ressources de la région du Sahara profitent aux habitants locaux. Le Makhzen qui n’a pas digéré cette décision veut faire pression sur la Commission européenne pour l’amener à ne pas tenir compte de cet arrêt. Le chef de la diplomatie marocaine, Salaheddine Mezouar, a été chargé de cette mission délicate, voire impossible. Il ira à Bruxelles ce mardi pour une rencontre officielle avec la Haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères et la sécurité, Federica Mogherini. On apprend que la décision de la CJUE sera au menu de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’UE, qui doit se tenir ce lundi 14 décembre à Bruxelles. Mais, auparavant, la capitale italienne accueillera, demain 13 décembre, la tenue d’une nouvelle rencontre internationale sur l’avenir politique libyen. Salaheddine Mezouar va chercher à voir à cette occasion Federica Mogherini qui prendra part à cet événement. L’UE est tenue de donner suite à la décision de la CJUE d’autant plus que le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental, dans le cadre de l’accord signé avec le Maroc, a été mis en évidence par la plainte du Front Polisario. Si la décision de la CJUE n’a rien d’étonnant, dans la mesure où elle corrige une violation du droit international, par contre, le choix du Maroc pour accueillir la 22e conférence des nations unies sur le climat (COP22) a de quoi surprendre. Certes, la COP22 n’aura rien d’extraordinaire, tout a été fait à la COP21. Elle sera une banale COP, comme les autres, à l’exception de deux ou trois qui ont été «historiques», comme la conférence qui vient de se terminer à Paris ou celle de Kyoto qui a donné le protocole du même nom. En novembre 2016, la COP22 se tiendra, ainsi, au Maroc où les prisons sont pleines de militants sahraouis dont le crime est de lutter pour le droit de leur peuple à l’autodétermination et à l’indépendance du Sahara Occidental. Les autorités marocaines pratiquent une répression sauvage contre les civils sahraouis et particulièrement contre les militants. Tout récemment, le Front Polisario a publié une déclaration dénonçant l'arrestation abusive du prisonnier politique sahraoui A'mbarek El-Daoudi et sa famille, qui a été présenté devant un tribunal militaire, et sa condamnation à cinq ans de prison ferme. Enfin, «cerise sur le gâteau», doit-on rappeler que le Maroc est considéré comme le principal producteur et fournisseur mondial de haschisch, selon le rapport mondial sur les drogues établi par l’ONU.
Houari Achouri
 

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