Les vérités sur les moines de Tibhirine : le livre d’Yves Bonnet sort cette semaine en Algérie

Le livre, Le berger de Touggourt, Vérités sur les moines de Tibhirine, d’Yves Bonnet, ancien responsable de la DST française, sort à Alger dans les tout prochains jours, chez Casbah éditions, a appris Algeriepatriotique. Ce livre est intéressant à plus d’un titre pour les Algériens et les Français. Ecrit par une personnalité suffisamment compétente pour observer la scène algérienne, Le berger de Touggourt enterre définitivement la thèse du «qui tue qui», appliquée à l'affaire de l’assassinat par le GIA des moines de Tibhirine, après leur enlèvement en mars 1996. Cette thèse a connu d’autres versions dans d’autres pays, sous la forme du «complot» visant à démontrer que les attentats terroristes qui ont secoué l’opinion publique mondiale étaient «fabriqués» par les services des pays occidentaux où ils ont eu lieu ou par les services de pays alliés. Mais ces versions sont restées marginales avec leur côté fantaisiste. Par contre, en Algérie, le «qui tue qui» est allé très loin dans les accusations contre les services de sécurité algériens et a accrédité l’idée, pendant un temps, dans beaucoup de milieux, que les actes criminels, notamment les massacres, n’étaient pas le fait des groupes islamistes inspirés par l’idéologie extrémiste de l’islamisme, mais qu'ils étaient commis par les forces combinées qui luttaient contre le terrorisme. Yves Bonnet met en lumière les amalgames qui étaient sciemment entretenus pour rendre la situation confuse et pour dévaloriser le combat antiterroriste mené en Algérie. Le but de cette manœuvre étant de porter atteinte à la mobilisation populaire contre le terrorisme, de neutraliser le mouvement de solidarité avec le peuple algérien et d’encourager les forces qui voulaient porter secours aux groupes terroristes à travers le projet de «commissions d’enquête», comme si les revendications des crimes lancées à partir de Londres notamment ne suffisaient pas. L’auteur du livre a été motivé par «l'indignation, le dégoût, le mépris pour des hommes qui, non contents d'être de piètres professionnels, ont oublié toute déontologie, tout respect de la vérité et de la vraisemblance». Son livre richement documenté, à partir notamment de déclarations et de témoignages des acteurs les plus hauts placés dans l’institution militaire, explique l’essence du «qui tue qui» : transformer aux yeux de l’opinion publique, surtout à l’étranger – plus facile à tromper vu son éloignement des réalités algériennes – des criminels agissant dans les groupes terroristes en «résistants» pour leur attirer non pas l’opprobre qu’ils méritent, mais la sympathie en attendant le soutien. Sur l’affaire de l’assassinat des moines de Tibhirine, par exemple, Yves Bonnet, en expert, détruit la thèse de la «bavure» de l’armée algérienne qui aurait «tiré d’un hélicoptère contre les moines» et démontre qu’elle est tout simplement invraisemblable. L’auteur du livre consacre au juge Marc Trévidic un chapitre remarquable, pour expliquer comment il a pu être embarqué dans une aventure médiatique et le prix à payer pour cette dérive : «L’abandon du souci constant de la vérification, de la rigueur, qui interdit les "à peu près", et, s’agissant des magistrats, les suppositions, les supputations qui ne peuvent qu’égarer les esprits les mieux construits». Un des mérites de ce livre est d’avoir traité avec le plus grand sérieux la thèse du «qui tue qui», à partir du cas de l’assassinat des moines de Tibhirine, pour la récuser entièrement à l’aide d’arguments indiscutables. L’ouvrage d’Yves Bonnet est appelé donc à être une référence pour ceux qui auront à travailler sur cette période douloureuse de l’histoire de notre pays.
Kamel Moulfi
Bonnes feuilles

Sur Sant’Egidio (p. 112) :
La seconde ouverture américaine rejoint celle de certains milieux catholiques romains, en l’occurrence la communauté de Sant’ Egidio, qui croient jouer leur rôle d’artisans de la paix en invitant à se réunir les parties au conflit algérien, en l’occurrence tous les partis légaux, mais en y adjoignant des organisations dont le moins qu’on en puisse dire est qu’elles ont inscrit leur contestation radicale dans la violence : le FIS qui eut, un temps, son espace de légalité et le GIA, délibérément terroriste. On ne peut aller plus loin dans la concertation, puisque ces deux dernières formations récusent toute perspective de gouvernement démocratique et appellent au renversement du régime par le recours aux armes. Ces a priori condamnent, avant qu’elle ne débute, la conférence qui devrait permettre de débattre et, si possible, poser les principes d’un retour à la paix civile. Pourtant, l’annonce en est faite à l’Assemblée générale de l’Otan, à Naples, dans une hallucinante symbolique, par le représentant américain, Robert Pelletreau. Cette annonce vaut d’être relue soigneusement dans la mesure où elle s’adresse aux «éléments pacifiques de l’opposition», qu’ils soient laïcs ou islamistes et où elle inclut le GIA qui ne répond pas précisément à cette définition. Par chance pour les participants, le GIA refuse dédaigneusement, ce qui a pour effet de dédouaner le FIS et d’autoriser son retour dans le jeu institutionnel. La partie vaut-elle pour autant d’être engagée ? A cette question, les réponses divergent. Sans surprise, tout ce que l’opposition compte de formations politiques accepte, validant ainsi une légalisation de facto d’un FIS, dont Mohamed Boudiaf avait prononcé la dissolution.
Sur François Mitterrand (p.102) :
Sur le plan du positionnement «dogmatique», François Mitterrand, qui n’a jamais su se dépêtrer d’une attitude ambiguë vis-à-vis de l’Algérie, est tenté de condamner ce qu’il n’est pas loin de considérer comme un coup d’Etat. Il le fait par périphrases et parle de «processus démocratique confisqué». Ses fidèles, Laurent Fabius, Lionel Jospin ou Henri Emmanuelli reprennent l’antienne. Dans cette ligne, le gouvernement accorde l’asile politique à tous ceux que menacent des poursuites judiciaires, sans qu’il leur soit besoin de justifier de leur qualité de «réfugiés» politiques et alors que l’on se montre plus sourcilleux à l’encontre des Marocains et des Tunisiens qui fuient leurs pays respectifs et, parfois, à juste titre. La compréhension dont jouissent ces «exilés» contraste avec la sévérité accrue à l’encontre de toutes les victimes, avérées ou potentielles, d’un terrorisme déclaré. Alors qu’il serait intelligent d’ouvrir largement nos frontières à un peuple en détresse, la stupidité consiste à les boucler quasi hermétiquement. Les fins politiques que la France s’est données pour la diriger sont encouragées dans cette réprobation muette à l’encontre des autorités et du peuple algérien par une cohorte de «politologues» qui se gardent bien de venir vérifier sur place le bien-fondé de leurs dénonciations : François Burgat, Bruno Etienne, Jean-Pierre Tuquoi et la rédaction du Monde cultivent ce nouveau conformisme bobo anti-algérien, jusqu’alors plutôt véhiculé par la droite conservatrice. Ils n’ont de cesse de discréditer un pays qui, en défendant sa cause, lutte aussi pour la nôtre. Les politiques, et c’est ce qui les sauve de trop de lâcheté, craignent toujours pour leur réélection. Ils comprennent, sous la pression de leurs collaborateurs de la police, qu’il faut tout de même «tenir» tout ce petit monde. C’est ainsi que Kamreddine Kherbane et Boudjemâa Bounoua sont expulsés vers le Pakistan le 17 août 1992. Mais, toujours sous l’effet de cette politique du «tango argentin», un pas en avant, deux en arrière, on laisse entrer dans le même temps sur le territoire national Ali Zouabri, le futur fondateur du GIA et Mohamed Kerrouche qui sera l’organisateur des réseaux de cette organisation en France et à Londres. C’est ce dernier qui a l’idée de tisser la toile d’araignée qui va couvrir l’Europe à partir de l’été 1992, largement financée par l’Algerian Community in Britain, autre couverture légale du FIS. Les mises en garde algériennes ne sont pas complètement entendues et l’ambiguïté reste de mise. Un domaine dans lequel excelle François Mitterrand.

Commentaires

    mbarek
    25 juin 2016 - 17 h 45 min

    c est un livre qui bien
    c est un livre qui bien

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