La Présidence prépare l’hommage officiel à Hocine Aït Ahmed : compromis entre le FFS et Bouteflika ?

Finalement, le défunt Hocine Aït Ahmed ne sera pas inhumé sans un hommage officiel. La Présidence de la République s’attelle, au moment où nous rédigeons ces lignes, aux derniers préparatifs avant l’arrivée de la dépouille mortelle d’un des pères de la révolution de Novembre ce jeudi à Alger. Les médias ont été sollicités pour faire accréditer leurs journalistes et photographes aux fins d’assurer la couverture de la cérémonie officielle de recueillement qui aura lieu au niveau de l’aéroport international d’Alger. Aucune information n’a filtré sur les responsables politiques qui prendront part à l’hommage qui sera rendu au zaïm, mais il semble évident que de hauts dignitaires seront de la partie, à commencer par le Premier ministre, le directeur de cabinet de la présidence de la République, les présidents de l’APN et du Conseil de la nation, des membres de l’Exécutif et, sans doute, des chefs de partis politiques. Le caractère officiel des obsèques de Hocine Aït Ahmed s’arrêtera à la sortie de l’aéroport Houari-Boumediene. Au-delà, c’est la famille politique du défunt qui prendra en charge les funérailles et l’organisation y afférente, en coordination avec les autorités et les services de sécurité qui devront organiser le transfert de la dépouille mortelle d’Alger jusqu’à Aïn El-Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou, où sera inhumé le fondateur du Front des forces socialistes ce vendredi. Les pouvoirs publics se sont retrouvés face à un dilemme depuis l’annonce du décès de l’opposant Hocine Aït Ahmed en terre d’exil, en Suisse. Un dilemme tel que le message de condoléances du président de la République et la décision de décréter huit jours de deuil n’ont été rendus publics que le lendemain. Il semblerait que les plus hautes autorités du pays aient dû «négocier» avec la famille du défunt pour aboutir à un compromis sur les aspects protocolaires liés à l’enterrement de ce chef historique. Farouche opposant au régime depuis 1963, Hocine Aït Ahmed a refusé jusqu’à être enterré dans le Carré des Martyrs, à El-Alia, préférant reposer près de ses aïeux dans son village natal. Une telle volonté a résonné comme un rejet postmortem du pouvoir politique actuel, Aït Ahmed se maintenant ainsi dans sa position de farouche opposant à Bouteflika et à tous ses prédécesseurs jusque dans sa tombe. L’hommage officiel que la présidence de la République lui rendra est perçu moins comme une tentative de récupération politique que comme une reconnaissance due par l’ensemble de la nation à un leader charismatique de la guerre de Libération nationale. En somme, Bouteflika refuse qu’Aït Ahmed soit «accaparé» par un seul parti et une seule région. Sera-t-il présent lui-même à l’aéroport Houari-Boumediene pour se recueillir devant le cercueil de celui qui devait être son rival à la présidentielle de 1999 avant qu’il ne se retirât de la course ?
Karim Bouali

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